Nous avons ensuite fait le lien avec la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, en essayant de regarder ce que le projet de LPPR indiquait, en termes de stratégie et d'investissements, en fonction des secteurs considérés comme prioritaires.
En pratique, une loi de programmation pluriannuelle s'appuie sur un document stratégique. Je connais bien, pour y avoir participé à plusieurs reprises, les travaux menés sur la loi de programmation militaire (LPM). Or, cette dernière est précédée par une réflexion globale, consignée dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Existe-t-il un équivalent pour la LPPR ? En quelque sorte. Ainsi, l'article premier fait référence et approuve un document annexé, qui est de qualité. Celui-ci peut être considéré comme un document stratégique. Ce rapport distingue trois grandes priorités en recherche : la santé, l'environnement et le numérique.
Mais lorsqu'on regarde concrètement la manière dont cette stratégie est mise en, on constate qu'en dehors des efforts consentis envers l'ANR et, pour améliorer l'attractivité du secteur, envers le segment des ressources humaines, le projet de loi ne tire aucune conséquence de cette réflexion, en termes de trajectoires, de moyens par grand champ de connaissance et d'applications. Au contraire, la LPM prévoit de façon précise des trajectoires d'investissements spécifiques à long terme, en accord avec la stratégie préalablement déterminée. Ces pistes ne sont certes pas toujours respectées et servent de variables d'ajustement, mais elles sont examinées, et éventuellement reprises dans la loi suivante. La LPPR ne comporte rien de tel. Nous considérons que ceci pénalise fortement le domaine, considéré comme prioritaire, de la biologie‑santé.