L'exposé traite d'un sujet très intense, et constitutif de l'humanité. Les rites funéraires font partie de l'identité humaine. Tout cela est rappelé dans cette présentation. La mort fait partie de la vie, en un certain sens, et il semblerait que nous l'ayons oublié lors de cet épisode.
Nous avons oublié que les pompes funèbres, ainsi que tous les personnels qui accompagnent la mort, faisaient aussi partie de la réponse à l'épidémie. Nous avons tous rendu hommage et applaudi à vingt heures l'action des médecins, des personnels hospitaliers, mais nous avons collectivement oublié d'inclure toute la chaîne finale, en charge de l'accompagnement dans la mort, et de la prise en charge, au-delà des rites, de la crémation ou de l'inhumation. Il est important de le rappeler : les pompes funèbres doivent être incluses dans la chaîne complète de prise en charge de la maladie. Je dois avouer que j'étais passé complètement à côté de ce point avant cette note.
Un autre sujet important évoqué est que, contrairement aux idées reçues, il n'y a pas eu d'évolution majeure des rites funéraires et des pratiques pendant la pandémie, mais simplement des évolutions, toujours en cours.
En revanche, je retiens le témoignage sur le cloisonnement instauré entre les soins et l'accompagnement de la mort, mais aussi entre les victimes et les proches. En examinant rétrospectivement les avis des différents conseils sur le sujet, la dureté des consignes est frappante. On peut se demander comment nous avons pu accepter cela sans protester plus fortement.
La mort, sauf erreur de ma part, n'était pas incluse dans les compétences du conseil scientifique. Les organismes ad hoc, notamment le Conseil national des opérations funéraires (CNOF), placé auprès du ministère de l'Intérieur, n'ont pas été consultés. Dans un contexte où l'urgence était de préserver la vie, personne ne s'est préoccupé de la qualité de la mort.
Nous ne pouvons accepter sans réagir un cloisonnement supplémentaire pour des malades qui, à l'approche de la mort, se retrouvent complètement isolés, physiquement mais aussi socialement, avec l'impossibilité de communiquer avec leur famille, même par des moyens numériques.
Enfin, il y a ces cloisons entre le présent et le passé, avec le manque de conscience nationale sur cette pandémie et cette mortalité massive. Dans l'histoire, cet épisode est banal. Des épidémies sont survenues dans le passé. Il y en aura d'autres dans le futur. Pourtant, les jeunes générations ont l'impression de vivre quelque chose de complètement unique. À coup sûr, l'intensité du traitement médiatique n'y est pas étrangère.
Une ou deux générations auparavant, nous aurions considéré comme absurde qu'un événement avec un taux de mortalité de l'ordre de 0,5 % soit traité avec le même niveau d'attention médiatique que les débuts de l'épidémie du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), dont, à l'époque, le taux de mortalité atteignait les 100 %.
Ce document très riche, fruit de nombreuses auditions, propose des recommandations très claires. Ce travail était nécessaire, puisqu'il complète des vides laissés par le traitement médiatique et scientifique. L'Office peut être fier de la qualité, de l'importance et de l'à-propos de ce travail.