Intervention de Pierre Ouzoulias

Réunion du jeudi 2 juillet 2020 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pierre Ouzoulias, sénateur, rapporteur :

J'ai eu le sentiment d'un réflexe concordataire de l'État vis-à-vis de l'Église catholique qui ne se justifiait pas, celle-ci ayant montré qu'elle était tout à fait capable d'appliquer les mesures sanitaires de façon responsable. Le rapport propose une formulation tout à fait adaptée : on peut considérer que, pendant la pandémie, les Églises ont été des acteurs secondaires de la mise en pratique des prescriptions sanitaires.

Il est également important de montrer que les Églises, dans leurs relations avec les autorités sanitaires, sont profondément sécularisées. Elles considèrent que la pandémie est du ressort de la médecine et de la science. Elles ont accepté les analyses scientifiques sur le virus, sa capacité à infecter la population et la nécessité de prendre des mesures sanitaires.

Ce n'est pas le cas partout. Aux États-Unis et au Brésil, la confrontation a été parfois violente. Historiquement, la pandémie, pendant une grande partie du Moyen-Âge, a été interprétée par l'Église comme le résultat d'un châtiment divin. Elle l'est encore dans certaines Églises évangéliques américaines, qui y voient une punition des péchés. Ce discours n'a pas été entendu en France, et plus généralement en Europe, sinon de façon tout à fait marginale, sur certains réseaux sociaux.

Certaines régions font exception, comme la Russie, où l'Église orthodoxe a eu du mal à admettre un certain nombre de règles sanitaires, notamment parce qu'elle tient à des rites très particuliers, tels que le baisement de la Croix ou des icônes, la transmission de l'hostie par des cuillères, etc. Elle tient énormément à ces rites qui évidemment ne pouvaient plus être pratiqués dans le contexte pandémique. Dans ce cas, il peut exister des difficultés.

Mais toutes les autres religions ont adapté leurs rites. J'ai assisté à une cérémonie funéraire en l'église Saint-Gilles de Bourg-la-Reine. Encore aujourd'hui, ces rites sont scrupuleusement respectés et acceptés par tous. A contrario, on peut avoir le sentiment d'un déplacement d'une forme de sensibilité religieuse dans d'autres domaines, où l'on n'est plus tout à fait dans la rationalité, mais pas non plus dans la religion.

Pour conclure, je pense qu'il faut revenir à des principes laïques simples. L'État doit rester à un niveau de prescription supérieur, et ne pas se mêler de la pratique des fidèles dans leurs lieux de culte. Ce n'est pas son rôle. De plus, cela peut être source de difficultés entre les cultes. La date choisie pour le déconfinement a ainsi été considérée comme favorisant un culte par rapport aux autres, ce qui a fait réagir ces derniers, alors que jusque-là ils avaient réussi à gérer ensemble la pandémie. L'État ne doit pas s'immiscer à ce niveau, les cultes ayant montré leur grande capacité à gérer un épisode historique exceptionnel en totale responsabilité par rapport aux pouvoirs publics.

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