. – Je suis professeur à la faculté de médecine de l'Université de Paris. Je dirige une unité de l'Inserm qui s'intéresse aux questions de toxicologie, notamment environnementale. Je travaille beaucoup sur l'impact de l'environnement sur la santé.
Vous avez cité le concept d'« exposome », qui désigne l'ensemble des expositions que nous pouvons connaître et leur impact sur notre santé – c'est le complément du génome. Nous sommes assez contents que le terme figure à l'article 1er de la loi de modernisation de notre système de santé. Je pense que beaucoup de nos collègues étrangers sont très jaloux que le sujet des perturbateurs endocriniens s'invite, en France, dans la campagne électorale pour l'élection présidentielle, alors que, dans nombre de pays, on ne sait même pas ce que c'est.
Il est extrêmement intéressant et utile de réfléchir à l'impact politique de la science, surtout dans le contexte du très ambitieux Green Deal européen. Dans le domaine de l'environnement et de la santé, la science est souvent incertaine ; on est toujours dans des nuances de gris. L'exemple des SDHI le montre bien. Comment une science un peu incertaine peut‑elle impacter une politique, elle aussi parfois incertaine ? J'aimerais que l'on puisse développer ce sujet.
Les pandémies ont ramené sur le devant de la scène le sujet des infections, que l'on avait un peu commencé à oublier. Pendant très longtemps, on a opposé facteurs biologiques et produits chimiques. On n'hésitait pas à utiliser des tonnes de composés chimiques pour lutter contre les infections. Le covid‑19 prouve que cette opposition est très artificielle, puisque l'on est d'autant plus sensible à cette pathologie que l'on souffre de maladies chroniques – obésité, diabète, hypertension –, elles-mêmes assez dépendantes de problématiques environnementales.
Sinon, la thématique de science ouverte évoquée par Sophie Ugolini me semble tout à fait pertinente.