Intervention de Patrick Netter

Réunion du jeudi 10 septembre 2020 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Patrick Netter :

. – Nous avons notamment étudié le contexte de la recherche clinique sur le covid‑19, en France et ailleurs. Nos conclusions, qui vous ont été présentées le 15 avril, ont été affinées depuis. La crise a été un puissant révélateur de la dispersion des moyens et de la complexité de l'organisation et du financement de notre recherche en biologie-santé. La cacophonie des appels à projets de recherche et l'absence de stratégie globale ont conduit à une multiplication des essais et à un gaspillage inacceptable de moyens, sans aucune chance d'aboutir à des conclusions fiables en raison du nombre trop restreint de patients.

Par contraste, les résultats positifs des essais cliniques sur le covid‑19 au Royaume-Uni s'expliquent par la capacité de ce pays à faire travailler simultanément chaque hôpital sur les mêmes essais. Leur évaluation randomisée, Recovery, a commencé avec 12 000 patients à la mi‑mars. Dans les cent jours suivants, les chercheurs ont fait trois découvertes concluantes qui ont transformé les soins contre le covid‑19 dans le monde entier. Démonstration a ainsi été faite que la dexaméthasone, un stéroïde peu coûteux, réduit la mortalité d'un tiers chez les patients hospitalisés souffrant de graves complications respiratoires.

Sur l'ensemble de la chaîne allant de la recherche fondamentale en biologie, où le Royaume-Uni obtient parmi les meilleurs scores de publication, à la recherche clinique, le système britannique se révèle supérieur. Toute réforme du dispositif français de recherche en biologie-santé doit s'en inspirer. Le manque de continuité de la recherche d'amont à la recherche clinique et d'innovation en France peut être généralisé à d'autres enjeux sociétaux de nature interdisciplinaire.

La lutte contre le covid‑19 fait intervenir des solutions thérapeutiques, mais aussi des recherches sur les origines environnementales du passage du virus de l'animal à l'homme, sur le changement climatique, mais aussi la sociologie, avec les modifications des comportements humains liées au confinement, aux barrières physiques ou au télétravail.

Notre système national de recherche, avec sa multitude d'agences et organismes, est‑il susceptible de répondre à ces enjeux ? Ne faut‑il pas réfléchir à une organisation plus rassembleuse, capable d'engager efficacement des recherches ? Le Royaume-Uni nous offre cet exemple. Depuis deux ans, toutes les agences de financement de la recherche et de l'innovation ont été rassemblées sous une unique bannière : UK Research and Innovation (UKRI). L'Office et son conseil scientifique pourraient se saisir de la possibilité d'une réforme similaire de la recherche en France.

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