Intervention de Béchir Jarraya

Réunion du jeudi 10 septembre 2020 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Béchir Jarraya :

. – Neurochirurgien à l'hôpital Foch de Suresnes, je pratique l'implantation de puces cérébrales pour traiter des désordres du mouvement associés à la maladie de Parkinson ou certaines dystonies sévères. Ces opérations relèvent désormais du soin clinique routinier. Dans le monde, 200 000 personnes ont un implant permanent dans leur cerveau qui améliore leur qualité de vie et facilite leur réinsertion sociale, voire professionnelle. C'est une invention française, mise au point par le professeur Benabid il y a vingt‑cinq ans.

Je dirige aussi une équipe de recherche en neuroscience au sein de NeuroSpin, sur le campus du CEA de Saclay. C'est un centre d'imagerie à très haut champ magnétique qui permet l'exploration du cerveau et un décodage de sa fonction, avec une résolution inégalée. Nous disposons ainsi de l'IRM au champ magnétique le plus élevé au monde. Je suis enfin professeur de thérapeutique à l'université de Versailles Paris‑Saclay.

M. Vallancien a introduit le sujet des neurotechnologies, qui recouvre des technologies électriques, de thérapie génique, moléculaire, optogénétique, ou encore des combinaisons d'intelligence artificielle et de dispositifs médicaux innovants. C'est une véritable révolution qui produit d'importants bouleversements dans le champ des maladies neurologiques graves. En quinze à vingt ans, nous avons réussi à changer profondément le quotidien des patients affectés par ces maladies.

Les neurotechnologies ont deux applications différentes. La première consiste à étudier le cerveau et le système nerveux aux différents âges, ainsi que sa fonction, à travers l'IRM fonctionnel, pour décoder le message neuronal, traduire la pensée en signaux électriques, et communiquer ce message à un exosquelette, un robot, ou un programme informatique par exemple. La résolution obtenue augmente considérablement, grâce aux IRM de NeuroSpin. Nous progressons dans la dissection de l'architecture et de l'anatomie du cerveau.

Le deuxième volet est interventionnel. Nous n'implantons des puces que dans le cerveau de personnes atteintes de maladies graves. Ne cédons pas à l'alarmisme : une neurochirurgie n'est jamais anodine. Il existe cependant un intermédiaire entre ce type d'interventions et ce qui relève de l'augmentation : l'implantation sur des patients atteints de maladies psychiatriques comme des états graves de dépression. Nous revenons à la psychochirurgie, mais avec des outils réversibles, qui ne lèsent pas le cerveau.

Ces technologies, qui sont une chance considérable pour des maladies réputées sans traitement, nécessitent des investissements massifs. La compétition internationale est vive dans ce domaine. La recherche et la médecine française ont leur carte à jouer, mais elles risquent de perdre leur avance. La stimulation cérébrale profonde a été inventée en France, mais les leaders de l'innovation dans la technologie des implants sont désormais ailleurs.

Je suis heureux de constater des complémentarités entre mon intervention et celle de certains collègues.

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