Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 22 octobre 2020 à 11h35
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, député, président de l'Office :

. – Le gouvernement est incontestablement en retard – au-delà même du plan – par rapport à la question du stockage profond ou à la question des capacités de long terme. Nous sommes pleinement dans notre mission : en tant qu'Office pour instruire ce dossier scientifique, mais aussi en tant que parlementaires pour contrôler le gouvernement.

Une autre étude justement est en cours, conduite par Thomas Gassilloud et Stéphane Piednoir, sur les conséquences de l'arrêt du projet de réacteur Astrid. Ce projet, qui était la tête de proue de la stratégie de recherche de la France en matière nucléaire, a été interrompu, sans savoir ce qui va lui succéder.

Nous avons, enfin, deux notes scientifiques en cours, une sur les bactériophages avec Catherine Procaccia et l'autre prise en charge par Gérard Longuet sur la production de l'hydrogène – excellente chose car le débat public s'est surtout saisi des usages de l'hydrogène mais il ne peut y avoir d'usages sans production. J'ajoute que ce qui compte pour la transition énergétique, c'est la production d'hydrogène décarboné, issu de source renouvelables ‑ éolien ou photovoltaïque – ou de centrales nucléaires.

S'agissant maintenant des travaux à lancer, nous avons une saisine de la commission des affaires économiques de l'Assemblée sur les New Breeding Techniques (NBT), comprenez les nouvelles techniques de génie génétique. Avec la profusion de nouveaux outils, le débat tant sanitaire qu'économique doit être revu scientifiquement de manière dépassionnée à l'aune de ces découvertes. Le sujet étant connexe à un précédent rapport de Jean-Yves Le Déaut et Catherine Procaccia d'avril 2017, il pourrait être traité dans le cas d'une audition publique.

Parmi les notes scientifiques que l'on peut d'ores et déjà envisager à la suite de la consultation du conseil scientifique, je me propose de prendre en charge une note sur l'exposome, qui pourrait venir en appui au travail de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale. Il s'agit de traiter globalement les expositions à la pollution et aux perturbateurs endocriniens.

Ronan Le Gleut souhaite travailler sur le développement des outils de visioconférence, sujet ô combien d'actualité, selon deux axes : la cybersécurité et les conséquences sur l'organisation du travail.

Une note sur les neurotechnologies, champ très innovant, est également envisagée : les récentes annonces d'Elon Musk, très médiatisées, ne sont que la pointe émergée de l'iceberg, il est important de nous emparer de ce sujet de façon dépassionnée et pointue, en arrivant à mettre en avant ce qui se fait et pas seulement de l'autre côté de l'Atlantique. L'Office pourrait ainsi faire le point sur l'innovation en matière de technologies dites d'augmentation, dont certaines visent à lutter contre certaines paralysies et la maladie de Parkinson, à travers des stimulations dans le cortex. Ces développements sont passionnants, nous verrons à qui confier cette étude parmi les membres de l'Office.

Notre collègue Antoine Herth a proposé de travailler sur les enjeux sanitaires de la viande rouge, je me réjouis que la suggestion vienne d'Antoine et pas de moi. Vous connaissez mes positions très volontaristes sur les questions d'élevage et il est important que le dossier soit instruit dans un contexte parfaitement neutre. Il me semble utile d'enrichir la perspective des enjeux sanitaires par une perspective portant sur les enjeux environnementaux, sur le modèle de la note relative à l'huile de palme publiée en 2018. En outre, une saisine sur les aliments du futur pourrait être suscitée, afin d'élargir l'horizon ouvert par notre collègue. On sait que, selon certains, la consommation d'insectes est l'une des voies importantes pour nourrir le monde, ce qui fait parfois sourire mais il faut se préoccuper de l'alimentation : c'est ce qu'il y a de plus important pour l'humanité.

De l'alimentation à l'eau il n'y a qu'un pas, or Gérard Longuet a suggéré d'organiser une audition publique sur la gestion de l'eau. C'est une initiative que nous ne pouvons qu'approuver.

Je vous propose, enfin, un calendrier pour nos travaux. La semaine prochaine, une première réunion serait l'occasion de faire un point sur la crise de la Covid, c'est un sujet que nous devrons continuer de suivre sur un rythme régulier. Le 5 novembre pourrait être le moment de l'examen du rapport sur l'intégrité scientifique et de la désignation d'un député au conseil d'administration de l'Andra. Le 19 novembre serait la date de l'audition publique sur la gestion de l'eau. Le 2 décembre pourrait être l'occasion d'un petit déjeuner avec les académies sur le thème de la psychiatrie, thème complètement d'actualité. Le 3 décembre, il s'agirait d'examiner trois notes scientifiques : sur les bactériophages, la production d'hydrogène et sur l'exposome, puis le 10 décembre, le rapport sur la pollution plastique. Enfin, le 17 décembre pourrait être consacré à l'audition publique sur les NBT. Si nous arrivons à tenir ce programme sans encombre, nous aurons déjà bien rempli nos travaux d'ici la fin de l'année.

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