Intervention de Alain Fischer

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Alain Fischer :

L'OMS a, comme je l'indiquais précédemment, défini des critères en matière d'évaluation des vaccins, qui servent de base pour le regard que chaque pays ou groupe de pays pose sur ce sujet. Elle aurait aimé aller plus loin, en mettant en place par exemple des systèmes de tests, notamment de tests d'anticorps neutralisants, à utiliser par tous les industriels, afin que des comparaisons d'efficacité des vaccins puissent être effectuées. L'OMS avait aussi proposé que les mêmes groupes contrôles puissent être utilisés dans différents essais cliniques, ce qui aurait facilité les comparaisons : or ceci n'a été suivi ni par les pays, ni par les industriels.

Néanmoins, l'OMS mène ses propres essais d'évaluation des vaccins à grande échelle, ce qui est un élément très positif.

Elle propose en outre une politique de distribution équitable des vaccins, avec l'objectif que 20 % de la population mondiale soit vaccinée, aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres. Une initiative dénommée COVAX, relayée par la Communauté européenne et la France (bien que cette dernière ne se soit pas encore engagée financièrement), a été lancée en ce sens par l'OMS en collaboration avec une série d'organisations non gouvernementales, consistant idéalement à préacheter 2 milliards de doses de vaccin de différents industriels, avec l'idée de les distribuer équitablement à tous les pays, c'est-à-dire pour au moins 50 % à des pays à revenus faibles ou moyens. Ceci permettrait de faciliter l'accessibilité aux vaccins pour les pays les plus modestes.

Les limites de cette superbe initiative tiennent pour l'instant à son financement, qui est loin d'être acquis et repose sur la générosité de fondations non gouvernementales et la contribution des pays, dont peu, malheureusement, se sont encore engagés concrètement.

Le deuxième point non résolu est que même si COVAX parvient à acheter 2 milliards de doses et à les distribuer dans le monde, on sera encore très loin du compte, sachant qu'il faudra certainement 2 doses par individu et ce même si l'on ne vaccine pas les enfants. Il faudrait beaucoup plus de doses pour parvenir à une couverture vaccinale mondiale satisfaisante. Cette initiative nécessitera donc du temps pour prendre tout son essor et débordera largement au-delà de 2021.

Le dernier aspect, plus politique encore, réside dans le fait que, dans un monde rêvé, les recommandations de l'OMS seraient effectivement suivies d'effets dans les Etats : or comme vous le savez, ceci est loin d'être le cas aujourd'hui. Je vous rappelle ainsi que les Etats-Unis, même si l'on peut espérer qu'ils y reviennent bientôt, se sont retirés de l'OMS. Cette organisation est d'un côté une instance très bureaucratique, de l'autre une entité absolument indispensable, qui n'est malheureusement pas suffisamment soutenue et reconnue par les différents Etats.

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