Intervention de Alain Fischer

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Alain Fischer :

Cette question rejoint un point plus technique, qui est que les anticorps peuvent paradoxalement aggraver une infection. Ceci n'a pas été constaté pour l'instant dans les différents essais de phase 3, mais a été observé dans d'autres contextes. Nous n'avons ni assez de recul, ni assez de personnes observées pour répondre à cette question. Nous y verrons plus clair d'ici quelques mois. Si de telles complications, qui ont pu être observées dans le cadre par exemple d'un vaccin contre la dengue ou lors d'une réinfection par cette même maladie, n'ont pas été décrites dans le cadre des vaccins contre la Covid lorsque quelques centaines de milliers de personnes auront été vaccinées, alors ceci lèvera les craintes et incertitudes éventuelles quant au fait de vacciner une personne ayant déjà un certain degré d'immunité contre le SARS-CoV-2. Il faut attendre un peu pour avoir cette réponse, me semble-t-il.

Je peux tenter de répondre à la question sur l'immunité collective et l'idée selon laquelle, si 70 % de la population était immunisée, naturellement ou grâce à un vaccin, la circulation du virus s'arrêterait. Il faut savoir que l'on attend essentiellement deux qualités d'un vaccin.

La première, évidente, est la protection, c'est-à-dire le fait que l'individu vacciné ne fasse pas l'infection ou tout du moins de façon atténuée et bénigne. Ceci a l'air d'être plutôt le cas suggéré par les deux résultats que nous connaissons, sachant toutefois que ces données sont issues de communiqués de presse et non de publications scientifiques.

La seconde, absolument critique, est de savoir si le vaccin est protecteur à l'égard de la transmission du virus, autrement dit, dans notre jargon, s'il stérilise, c'est-à-dire si la personne vaccinée n'a plus de particules virales dans son oropharynx, donc ne peut plus infecter d'autres personnes. La réponse à cette question, qui pourrait être partiellement dissociée de la première, ne viendra que plus tard, car elle nécessite des observations de phase 4. Ce n'est qu'une fois que nous aurons cette réponse que nous pourrons savoir si un niveau suffisant d'immunité de groupe pourra être créé, qui permettrait de faire diminuer considérablement la circulation du virus. Il est vraisemblable que nous aurons ces réponses au mieux au deuxième semestre 2021.

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