Intervention de Florence Lassarade

Réunion du jeudi 7 janvier 2021 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Florence Lassarade, sénatrice, rapporteure :

.‑ Le vaccin n'a pas été testé sur les moins de 18 ans, ce qui pose problème si l'on décidait de vacciner les enfants. Par ailleurs, les vaccins à ARN peuvent entraîner des réactions allergiques plus fréquentes, de l'ordre de 1 sur 150 000 contre 1 pour plusieurs millions pour les vaccins classiques. Or, les enfants ne sont pas à risque de forme grave et plus on est jeune, plus on est sujet à allergie. La balance bénéfice-risque n'est donc pas favorable. Les parents pourraient être réticents. Il faudra probablement revoir le sujet si des variants plus dangereux pour les enfants apparaissent.

S'agissant des seringues, il faut effectivement être prudent sur la reconstitution des vaccins – nécessaire pour celui de Pfizer –, mais aussi sur la voie d'injection. Il est difficilement imaginable qu'en France, on ne puisse pas disposer des seringues adaptées. Il faut disposer de seringues de petite capacité, mais une infirmière expérimentée doit pouvoir faire la manipulation nécessaire pour le vaccin Pfizer. Par ailleurs, on a encore le temps de se procurer les bonnes seringues et les bonnes aiguilles, pour une vaccination simple, qui se fait comme pour tous les autres vaccins, mis à part le BCG, par voie intramusculaire.

Les régions ne peuvent pas commander de doses, la commande relevant de l'Union européenne, mais la répartition régionale se fait en fonction du nombre d'établissements à livrer. 97 centres hospitaliers ont reçu des doses à répartir entre 600 centres de vaccination. On a identifié 14 000 établissements à livrer sur le territoire. Une question toutefois se pose : les directeurs d'établissement sont-ils bien au courant du moment où les doses arriveront ? Il faut éviter la complexité : on ne devrait pas demander aux médecins de faire des consultations préalables impérativement 5 jours avant l'injection programmée dans les établissements. De toute manière, on ne disposera pas de professionnels en nombre suffisant. On devrait pouvoir faire la consultation préalable et l'injection dans la foulée.

Le couvre-feu peut paraître curieux en zone rurale. Mais il touche principalement les jeunes, qui sont les principaux vecteurs de diffusion du virus.

La vaccination prioritaire de l'ensemble du personnel de santé, en commençant par ceux de plus de 50 ans, faisait partie des préconisations de notre rapport de décembre.

La durée de la protection offerte par le vaccin est une inconnue majeure dans la stratégie vaccinale. Pour la grippe, cette durée est d'un an au maximum. Cependant, ce n'est pas le seul paramètre : la question qui se pose est plutôt celle du rythme de vaccination qui permettra de protéger rapidement le maximum de monde. L'avantage des vaccins à ARN est qu'ils peuvent être rapidement produits, donc adaptés aux variants.

Enfin, je trouve très rigide l'exigence du rappel à 3 semaines. En cabinet médical, on ne se pose pas la question du rappel vaccinal au moment de la première vaccination. On prescrit la vaccination sans poser comme condition la disponibilité du rappel. Il y a par ailleurs suffisamment de refus de vaccination en EHPAD pour que nous ne soyons pas en rupture de deuxième dose.

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