Intervention de Corinne le Quéré

Réunion du jeudi 21 janvier 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Corinne le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat :

. ‑ La France émet 411 mégatonnes de CO2 par an. Avec un rythme de réduction de 1 % par an, il faudrait une centaine d'années pour parvenir à la neutralité carbone. La SNBC est construite sur un rythme de diminution annuelle de 3 %. Comme le gouvernement n'a pas atteint le premier budget carbone, il a rehaussé le plafond du deuxième budget, de manière à l'atteindre plus facilement. Notre travail est compliqué par ce changement d'objectif et nous nous efforçons d'évaluer la trajectoire à mettre en place pour atteindre le troisième budget.

L'Allemagne est dans une situation assez différente de la France, avec un mix électrique assez carboné, lié à l'utilisation du charbon. Les réductions d'émissions les plus faciles se font au niveau de la production d'électricité, en supprimant le recours au charbon, comme l'ont déjà fait le Royaume-Uni et les États-Unis. Les mécanismes à mettre en œuvre sont assez simples, avec un prix plancher du charbon ou des interdictions. Si les émissions allemandes diminuent lentement, le pays a compris que la production de véhicules électriques était essentielle. Leur plan de relance a été beaucoup plus agressif que le plan français sur les conditionnalités et sur les subventions. Ainsi, les primes à la casse ne bénéficient qu'aux véhicules électriques, et le plan contient de nombreuses mesures pour soutenir leur production. C'est un exemple que la France devrait suivre.

Nous avons également, à la demande du gouvernement, comparé les mesures prises dans le secteur du bâtiment en Allemagne, aux Pays‑Bas, au Royaume-Uni et en Suède. Nous avons relevé que l'Allemagne avait développé une ingénierie financière intéressante, qui conditionne les aides, plus élevées qu'en France, à l'amélioration des performances énergétiques. Pour atteindre la neutralité carbone, ce secteur doit être entièrement décarboné. Le financement des rénovations thermiques des bâtiments est donc un enjeu essentiel. Le Plan de relance français a prévu de nombreux financements pour ces rénovations, mais nous ne savons pas comment elles pourront se poursuivre, une fois que le pays sera sorti du plan.

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