. – Effectivement.
Le variant dit « anglais » est apparu fin septembre en Grande-Bretagne, puis a progressé très rapidement. Les équipes anglaises, qui disposent de capacités de séquençage importantes, ont mis en évidence la pénétration du variant tout d'abord dans la région de Londres et le sud-est de l'Angleterre, puis son extension à d'autres aires géographiques. Elles ont rapidement montré que son degré de transmission était plus élevé que celui de la souche initiale, avec un indice R0 de 1,4, contre 1 pour le virus « classique ». Ce variant n'est cependant pas plus pathogène que le virus non muté, contrairement à ce qui a pu être annoncé au départ. Son facteur de transmission élevé fait que ce variant est aujourd'hui dominant en Angleterre et qu'il induit un niveau de contamination élevé. La surcharge du système de soins a conduit le gouvernement britannique à décider un confinement drastique à partir de Noël. Notez que l'Angleterre mettait en œuvre des précautions sanitaires beaucoup moins drastiques que celles en vigueur en France, notamment pour le port du masque ou l'ouverture des lieux d'exposition potentielle au virus. Le modèle était donc différent du nôtre.
Après quasiment quatre semaines de confinement, la courbe des contaminations commence à s'infléchir à Londres. Le même phénomène a été observé en Irlande, avec un décalage de quinze jours ou trois semaines.
Le variant anglais est apparu de façon massive au Portugal durant les fêtes de fin d'année, à la faveur du retour de Portugais travaillant à l'extérieur du pays. Il représentait 6 % des contaminations la première semaine, 14 % la deuxième et 23 % la troisième.
Ce variant est également présent en France, où la capacité de séquençage, moins importante qu'elle ne l'est en Angleterre, est en cours d'augmentation et vient en complément de la surveillance effectuée grâce aux tests PCR. Les dernières enquêtes ont été réalisées les 8 et 9 janvier 2021, puis le 27 janvier. Nous disposons également de données en région parisienne, fournies par les laboratoires de virologie. Globalement, il apparaît que près de 14 % des contaminations détectées actuellement à Paris sont le fait du variant anglais. Ce taux est probablement de l'ordre de 9 à 10 % dans le sud de la France. On observe en effet, comme en Angleterre, une grande hétérogénéité selon les régions : toutes voient la pénétration du variant anglais, mais à des degrés variables.
La grande question est de savoir si ce variant est sensible à la réponse immunitaire induite par les vaccins. Il semblerait que ce soit le cas si l'on en croit les données plutôt rassurantes obtenues pour les vaccins à ARN. De même, la neutralisation du variant par des cocktails d'anticorps monoclonaux ou des sérums de sujets ayant déjà été atteints par la Covid-19 semble de bonne qualité.
Le variant sud-africain, apparu en novembre ou décembre, présente un niveau de transmission légèrement supérieur à celui du variant anglais. Il faut savoir que l'Afrique du Sud dispose d'un réseau de recherche, notamment de vaccinologie, de très haut niveau, construit autour du VIH. C'est d'ailleurs pour cela que quasiment 15 % des patients inclus dans les essais pivots de phase 3 menés par Moderna et Pfizer se trouvaient en Afrique du Sud.
Il semble que ce variant induise des formes cliniques sensiblement différentes et plus précoces que celles observées précédemment. Une série de données suggère aussi, malheureusement, que ni les anticorps monoclonaux, ni les anticorps de patients ayant déjà contracté la Covid-19 ne le neutralisent. Certaines données indiquent une neutralisation par des sérums de sujets vaccinés, tandis que d'autres montrent une perte de sensibilité aux vaccins de l'ordre de 40 %.