Intervention de Catherine Procaccia

Réunion du jeudi 4 mars 2021 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Catherine Procaccia, sénateur, vice-présidente de l'Office, rapporteure :

. – Reconnu par la loi, le traitement compassionnel recouvre l'usage de médicaments qui ne sont pas homologués, ou du moins non homologués pour l'usage envisagé. Un médecin doit alors demander l'autorisation de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour le prodiguer.

C'est du moins la pratique. Car, si l'on veut être tout à fait exact, l'ANSM nous a indiqué que son intervention n'est pas forcément obligatoire. Pour des raisons de responsabilité, les médecins préfèrent seulement obtenir une autorisation expresse des pairs avant le recours à ces thérapies.

Contrairement à ce que je croyais, l'ANSM est favorable à la phagothérapie. Mais le comité compétent ne s'est pas réuni ces derniers temps. Si l'ANSM n'est pas hostile à la reprise d'essais cliniques, elle rappelle qu'il faut d'abord suivre la procédure. C'est cependant très difficile car chaque malade est différent.

Une seule entreprise, Pherecydes Pharma, avait voulu lancer un essai clinique. Il portait sur les grands brûlés et était baptisé Phagoburn. Mais cet essai n'a pas permis d'obtenir tous les résultats escomptés : l'entreprise ayant dû attendre pendant deux ans l'autorisation d'utiliser ses phages, cela les a peut-être rendus beaucoup moins efficaces…

Or c'est la seule entreprise en France qui s'occupe des phages. Désormais cotée en Bourse, elle veut développer des traitements en grande quantité, en vendant des phages qui s'appliquent aussi bien à des infections urinaires qu'à des brûlures.

La coopération avec la Géorgie est la solution qui me paraît la plus simple. Mais elle est rendue difficile par le fait que ce pays n'appartient pas à l'Union européenne, ce qui la place hors de l'orbite de l'Agence européenne des médicaments. Même une coopération avec les États-Unis d'Amérique est difficile. De plus, le centre géorgien Eliava de phagothérapie ne tient pas à divulguer ses formules. Une traçabilité serait pourtant nécessaire pour autoriser ces médicaments. Enfin, nous n'avons pas de suivi des patients qui sont partis s'y faire soigner, puisqu'ils n'ont pas normalement l'autorisation de le faire. Nous ne connaissons donc pas le taux d'échec ou de réussite des traitements.

Rappelons que les patients doivent rester 10 jours à Tbilissi, ce qui coûte environ 10 000 euros. Ce n'est donc pas à la portée de tout le monde. Pourtant, une patiente atteinte d'infections urinaires quasi invalidantes nous a rapporté avoir simplement acheté en pharmacie à Moscou des phages qui sont venus à bout de l'une des deux bactéries résistantes qui la font souffrir, comme elle a pu le constater à son retour.

En ce qui concerne l'usage animal, l'entreprise Vetophage souhaite effectivement développer des phages qui leur sont destinés. Comme pour les humains, le processus est cependant bloqué au stade des procédures.

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