. – J'avais été sollicitée pour étudier le sujet des phages. Je suis donc heureuse que nous puissions examiner aujourd'hui cette note équilibrée. Elle nous livre une vision positive de ce moyen thérapeutique, voire préventif.
Ma première question porte sur la recherche médicale fondée sur les études randomisées et les examens en double aveugle. Ces garanties de sérieux se sont imposées comme l'alpha et l'oméga de la validation d'une thérapeutique, qu'elle soit chimique ou biologique. Il semble ne plus y avoir de salut hors de ce système. La médecine empirique a pourtant été pourvoyeuse de moyens thérapeutiques innovants, quand les remèdes existants faisaient défaut. Il faudrait réfléchir à la part qui doit être laissée à l'échec, à l'inventivité et à l'innovation. Les précautions multiples ont sans doute leur mérite, mais les chercheurs audacieux méritent tout autant un accompagnement public, comme ils en reçoivent aux États-Unis.
Deuxièmement, les innovations sont utilisées à titre compassionnel dans le traitement de certains cancers. Les études randomisées ne sont plus alors aussi nombreuses. Le traitement est pourtant très coûteux, parfois. Cela se révèle profitable pour les laboratoires. Ainsi, c'est sa rentabilité qui décide de l'avenir d'une thérapie, molécule ou traitement biologique. C'est dérangeant.
En matière de phagothérapie, faute de reconnaissance officielle, nous sommes sans doute privés d'une possibilité de traitement. Les patients qui l'ont utilisée ne livrent même pas leur témoignage, de peur d'être pris en défaut pour y avoir eu recours.