Intervention de Catherine Procaccia

Réunion du jeudi 4 mars 2021 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Catherine Procaccia, sénateur, vice-présidente de l'Office, rapporteure :

. – Il est vrai que la médecine empirique ne doit pas être oubliée, et que les règles actuelles donnent l'impression d'un carcan.

Nous ne nous sommes pas ou très peu intéressés à l'aspect vétérinaire, car la phagothérapie peut aussi être utilisée dans ce domaine, notamment dans la lutte contre les pathogènes alimentaires, comme la listeria. Celle-ci a tendance à se développer sur les emballages, de fromage notamment, en film bactérien ; or les phages sont efficaces contre ces films. Nous n'avons pas plus d'informations sur leur intérêt dans ce domaine car nous n'avons pas creusé cet aspect.

Il est vrai que la plupart des bactéries multi-résistantes sont associées à des maladies nosocomiales, c'est-à-dire des maladies contractées en milieu hospitalier, mais il existe aussi manifestement des cas d'infection à bactéries multi-résistantes chez des personnes n'ayant jamais fréquenté de tels milieux. On nous a présenté des exemples d'infections urinaires persistantes, d'acnés terribles. Les phages peuvent être efficaces contre ces bactéries multi-résistantes, que les infections soient nosocomiales ou non.

Après ce travail, initié sur la sollicitation d'acteurs faisant la promotion des phages, je tiens à dire que les phages ne sont pas la solution à toutes les infections, ils ne peuvent pas être vus comme une solution d'avenir, mais c'est une piste importante pour lutter contre certaines bactéries multi-résistantes, et un complément à l'antibiothérapie. L'antibiothérapie doit rester la voie classique, les phages ne doivent être utilisés qu'en second recours, en tout cas tant que les phages n'existent pas sous une forme médicamenteuse standardisée et disponible partout.

C'est bien ce qui est montré dans le reportage que je vous ai montré, à Lyon, où les médecins tentent d'abord d'endiguer l'infection avec tous les antibiotiques disponibles, avant de passer aux phages si aucun antibiotique ne fonctionne. Mon sentiment est que si j'étais atteinte d'une telle bactérie multi-résistante, je n'hésiterais à pas à essayer la phagothérapie, d'autant qu'on ne risque rien à essayer. Le problème réside dans l'approvisionnement en phages spécifiques de telle ou telle bactérie multi-résistante. Il y a un espoir avec des entreprises comme Pherecydes Pharma, qui, même si elles n'envisagent pas de solutions complètement personnalisées, devraient pouvoir proposer des cocktails de phages susceptibles d'être autorisés sur le marché. Ce serait un premier pas qui permettrait d'avancer la voie de la phagothérapie.

Je ne crois pas néanmoins, après tous ces entretiens, que l'ANSM ou l'Agence européenne du médicament soit prêtes à donner un statut spécifique à la phagothérapie : les agences ont été claires sur ce point.

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