Je vous remercie pour vos propos introductifs. Comme l'a indiqué le président Cédric Villani, je conduis avec le sénateur Stéphane Piednoir une étude sur les réacteurs de quatrième génération, notamment les réacteurs à neutrons rapides, au travers du projet Astrid ; nous pensons pouvoir en présenter les conclusions en juin 2021. Bien entendu, cette quatrième génération n'a de sens que si nous maintenons une ambition nucléaire après 2050. Or en matière de nucléaire civil, deux objections sont souvent posées, à savoir le risque d'accident et les déchets. Je suis donc particulièrement heureux de pouvoir m'entretenir de cette question aujourd'hui avec vous.
Concernant le court terme et les effets de la crise Covid, il est intéressant de constater que la gestion des déchets est résiliente en pareille situation, même si vous avez noté certains impacts.
Je souhaite plutôt évoquer le long, voire le très long terme, puisque vous avez indiqué qu'il faudrait attendre certainement 2100, soit trois générations, avant que la transmutation, permettant de réduire la durée de vie ou la nocivité des éléments radioactifs les plus dangereux, puisse être effectuée à l'échelle industrielle. Je m'interroge sur le flux de déchets ultimes que nous aurons à traiter alors. Si nous avons encore à ce moment une filière nucléaire, ce qui me semble souhaitable, les réacteurs de quatrième génération devraient produire moins de déchets ultimes, ne serait-ce que parce qu'ils sont en capacité de consommer du plutonium, sans parler de la fusion qui ne produirait plus de déchets ultimes. J'aimerais avoir votre avis sur ce que sera le flux de production de déchets ultimes en 2100, en fonction d'hypothèses telles que la quatrième génération et la fusion.