Je vais laisser Maurice Leroy répondre aux questions relatives aux flux et aux stocks de déchets, ainsi qu'à la quatrième génération de réacteurs. Christophe Fournier évoquera quant à lui les problématiques de rentabilité de la filière. Je vais pour ma part reprendre les autres questions dans l'ordre.
Nous avons interrogé l'ANDRA sur la cause du retard de la DAC du projet Cigéo ; l'Agence nous a répondu que le dossier de demande d'autorisation de création du stockage Cigéo devrait être déposé fin 2021 – début 2022. Il semble qu'il n'y ait pas réellement de délai pour le déposer et que s'il apparaît opportun de retarder l'échéance de quelques mois pour élaborer un meilleur dossier, cette option sera privilégiée. L'ANDRA n'est pas contrainte par une date limite : même s'il existe des échéances, notamment électorales, qui font que des décisions pourraient être repoussées, je trouve louable de la part de l'ANDRA d'indiquer que ce dossier sera déposé lorsqu'ils l'estimeront prêt.
Votre analyse sur le PNGMDR, qui doit effectivement comporter un volet relatif aux moyens et aux ressources humaines, ainsi qu'une articulation avec le plan de relance, correspond à la nôtre.
S'agissant des solutions alternatives au stockage géologique, nos craintes sont liées au fait qu'il ne nous semble pas utile de faire des promesses qui ne pourront être tenues, ni de laisser penser aux gens des choses qui seraient erronées. En tant que scientifique, il me paraît clair qu'il ne faut écarter aucune solution. Par contre, l'honnêteté nous commande de dire que certaines options peuvent être déployées aujourd'hui, tandis que d'autres ne pourront l'être que demain, et d'autres encore après-demain seulement. Là réside l'essentiel des difficultés du discours à tenir. Un grand scientifique qui se présenterait à nous en indiquant qu'il a peut-être une solution pour résoudre le problème de la nocivité de ces déchets doit être encouragé ; mais il est important de préciser à quel horizon la solution qu'il propose pourra être déployée. Présenter avec honnêteté les solutions alternatives, tout en soulignant qu'elles n'interviendront pas dans un futur proche, contrairement au stockage profond ou à l'entreposage de longue durée, fait partie du travail du scientifique.
Nous avons essayé de nous exprimer, dans notre dernier rapport, sur l'entreposage de longue durée, qui soulève des questions assez fondamentales, liées en particulier à la durabilité des ouvrages de stockage et au vieillissement des combustibles qui y seraient entreposés. Le panorama international des études et recherches que nous avons effectué nous commande de dire que ce sujet suscite beaucoup de questions et peu de réponses. Il faut donc étudier les questions et réponses, notamment en termes de risques, concernant, d'une part, une solution de stockage géologique, d'autre part, un entreposage de longue durée. Partant de là, l'affaire n'est plus dans nos mains et devient une décision d'ordre politique. Il n'appartient pas à la CNE2 de s'exprimer à ce propos : notre travail est de pointer les difficultés et d'analyser l'avancement des dossiers. Or clairement aujourd'hui, le dossier relatif au stockage géologique est à notre sens suffisamment avancé pour que l'on puisse commencer à le construire.