Il faut savoir que les déchets HA-VL sont noyés dans du verre fait à partir de silicium, lequel n'a pas vu ses propriétés changer depuis le big bang et ne les verra pas plus évoluer dans les cent années à venir. Par conséquent, retraiter les déchets vitrifiés est, dans ces conditions, un cauchemar. Il n'y a en outre absolument rien à récupérer. Plaçons-nous dans l'hypothèse où il existe encore une industrie nucléaire : si, lors de la séparation, certains éléments comme le ruthénium, le rhodium ou le palladium vous intéressent, alors au lieu de les couler dans le verre, vous allez les séparer et les récupérer. Or ces éléments étant encore faiblement radioactifs, il faudra modifier la loi pour pouvoir les utiliser. La récupérabilité est un mythe complet. Soit l'on ne conditionne pas, soit, si l'on a conditionné, la récupération ne présentera aucun intérêt.
Je souscris en outre totalement aux propos de Gilles Pijaudier-Cabot sur la transmutation. Prenez l'exemple du vaccin contre la Covid-19 : la science peut produire très rapidement des résultats à condition d'y consacrer les financements suffisants. Aujourd'hui, la France ne dispose plus d'outil d'irradiation pour travailler sur la transmutation. Construire un réacteur implique de mettre d'emblée sur la table 5 à 10 milliards d'euros. Or un réacteur à sels fondus coûte environ cette somme entre le moment où le feu vert est donné et celui où, quinze années plus tard environ, il est pleinement opérationnel pour effectuer de la transmutation. Le coût d'un tel projet est ainsi d'environ 1,5 milliard d'euros par an. La situation actuelle, à laquelle s'ajoute un climat de bashing du nucléaire, ne suscite pas de vocation chez les jeunes. La France peut soit décider de mener son propre programme, ce qui suppose d'y consacrer des moyens financiers et de continuer à former des experts capables de faire face aux nécessités futures, soit s'appuyer sur l'étranger, ce qui constitue une tout autre optique.