Intervention de Bruno Sido

Réunion du jeudi 15 avril 2021 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Bruno Sido, sénateur :

Je voudrais remercier notre collègue pour son excellent rapport et le féliciter pour sa hauteur de vue. Il ne cache rien des difficultés de l'hydrogène. Il a rappelé qu'il explose, qu'il est peu dense, donc difficile à stocker, qu'il implique beaucoup d'énergie pour sa production, par exemple de l'électricité qui doit être peu chère et renouvelable, avec de l'éolien ou du photovoltaïque, ou alors d'origine nucléaire, voire thermonucléaire, ce qui appelle à relancer le projet ITER, dont il faudra peut-être reparler à une autre occasion. Compte tenu du coût de l'électricité je pense qu'il ne faut pas mésestimer les possibilités de stockage du CO2, pour l'hydrogène gris ou noir. Dans le cadre du projet de loi issu du Grenelle de l'environnement dont j'étais rapporteur, j'avais visité avec Jean-Louis Borloo un site de gisement de gaz en Algérie, où le CO2 était stocké, la séparation du méthane et du CO2 étant assez facile. Je sais que les Français sont contre ce stockage, car ils ont peur que cela explose ou que ce soit un poison, mais c'est quand même une solution opérationnelle qui marche, il ne faut pas l'oublier.

L'hydrogène pose un autre problème, le rapporteur l'a dit : les évolutions sont très longues, et les pourparlers prennent plusieurs décennies pour trouver des solutions économiquement acceptables. En attendant, il existe la piste des carburants liquides, qui sont des énergies facilement stockables et assez denses. On sait le faire avec le procédé Fischer-Tropsch, inventé par les Allemands. Le CEA avait même développé une possibilité de production de carburants à partir du bois, ou plus généralement de biomasse, qui marche également. Il s'agirait de carburants renouvelables, propres et utilisables pour les avions, car on imagine mal mettre de l'hydrogène dans les avions.

L'hydrogène paraît sympathique pour stocker de l'électricité, puisqu'on peut mettre des électrolyseurs au pied de chaque éolienne ou panneau photovoltaïque. Quand on n'a plus besoin de cette électricité, on produit de l'hydrogène. C'est un peu ce que les Allemands veulent faire. Mais il y a quand même la question du rendement de la pile à combustible, de l'ordre de 22 %, avec 58,7 kilowattheures consommés pour 13,4 kilowattheures utilisés au final pour un kilogramme d'hydrogène. C'est assez catastrophique et il faudrait améliorer ce rendement pour donner une longue vie à l'hydrogène, filière dans laquelle beaucoup de progrès restent à faire.

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