Intervention de Marie‑Noëlle Houssais

Réunion du jeudi 6 mai 2021 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Marie‑Noëlle Houssais, directrice de recherche CNRS :

. – Merci beaucoup de me donner la parole dans le cadre de cette audition. Mon intervention portera essentiellement sur les océans polaires et sur leurs effets et impacts sur le changement climatique. Il a déjà été souligné le contraste entre l'océan Arctique et l'océan Austral et ce contraste tient au fait que l'océan Arctique est une quasi‑Méditerranée entourée de terres, ce qui entraîne des enjeux géopolitiques mais aussi des enjeux de recherche, tandis que l'Antarctique est un océan ouvert sur le large qui entoure un continent.

En Arctique, de nombreux travaux sont menés sur l'impact des changements régionaux ‑ la fonte de la banquise ‑ sur le système global du climat. Les mesures effectuées démontrent que, conjointement à un réchauffement en Arctique, nous observons un refroidissement du continent eurasien avec toutes les conséquences qui en découlent sur les sociétés riveraines. Ce débat est encore très ouvert pour ce qui concerne les liens à établir entre la fonte de la banquise en Arctique et le système global, et ce sont des sujets pour lesquels les équipes françaises sont très actives, notamment au travers de projets européens. Pour les équipes de recherche françaises en océanographie, l'Europe constitue l'écosystème privilégié pour les collaborations, en particulier dans le cadre du Polar Cluster qui est le regroupement de tous les projets européens polaires autour d'Horizon Europe. Les équipes françaises sont aussi très actives dans le domaine des inter‑comparaisons de modèles et d'analyse des simulations du GIEC.

L'océan joue aussi un rôle très important en tant que régulateur du climat puisqu'il redistribue l'énergie reçue par le Soleil alors que cette énergie est distribuée inégalement au sommet de l'atmosphère. Ce transport de chaleur peut se trouver perturbé en période de changement climatique. Il est à noter que l'océan a absorbé 90 % de l'excédent d'énergie de l'atmosphère entre 1870 et 1995 mais il est important de suivre ces changements pour en anticiper les effets.

Les rotations de L'Astrolabe entre Dumont d'Urville et Hobart ont aussi pu mettre en évidence un réchauffement important en subsurface de l'océan, réchauffement qu'il n'aurait pas été possible de mettre en évidence sans ces programmes systématiques d'observation in situ.

L'océan joue également un rôle dans l'absorption du dioxyde de carbone contenu dans l'atmosphère. On sait qu'il absorbe une part importante du carbone d'origine anthropique (de 25 à 30 %). Une carte en profondeur de l'océan (à environ 1 000 mètres de profondeur) démontre qu'une grande partie de l'absorption du carbone anthropique par l'océan intervient au niveau de l'océan Austral, en marge du continent antarctique. C'est un rôle qu'il faut évaluer et mieux comprendre. Des équipes françaises suivent depuis de nombreuses années, dans l'océan Indien Sud, l'évolution du bilan du carbone océanique dans le cadre d'un observatoire soutenu par le CNRS et l'IPEV et dans le cadre aussi d'une coordination internationale très active .

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