Intervention de Yazdan Yazdanpanah

Réunion du jeudi 3 juin 2021 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Yazdan Yazdanpanah, chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat, directeur de l'ANRS‑MIE et membre du Conseil scientifique Covid-19 auprès du gouvernement :

. ‑ Pour répondre tout d'abord à la question de Monsieur Longuet, je confirme que le retour d'expérience est très important. Des réunions en présentiel ou sous forme de webinaires ont eu lieu pour présenter le travail accompli. Des retours ont également pu être effectués en diverses occasions, notamment lors des journées nationales d'infectiologie au mois de septembre 2020. Depuis le début de l'épidémie, nous avons par ailleurs organisé des réunions téléphoniques régulières avec les infectiologues sur le terrain. Au moment de l'arrivée des premiers cas dans les différents hôpitaux, nous organisions une réunion quotidienne pour décider des modalités de prise en charge de ces patients. Progressivement ce groupe est devenu un groupe national qui se réunit tous les 15 jours. Nous inscrivons régulièrement à l'ordre du jour de nos réunions un point sur la recherche pour avoir des retours en la matière.

La deuxième question de Monsieur Longuet porte sur le fait que nous aurions mis en place beaucoup de choses après la première vague. Nous avons en effet d'abord observé le déroulement de la première vague et tenté au fur et à mesure de nous améliorer. Cependant, nous avons débuté notre action dès le début de l'épidémie, le 3 ou 4 janvier, et décidé de mettre en place des essais cliniques en réseau au niveau national, car il s'agissait selon nous de la meilleure manière de répondre à la problématique. D'ailleurs, dès le départ de l'épidémie en France, Discovery a réuni en seulement deux semaines près de 800 patients pour les essais. Pour l'avenir, il faudra que ces essais se déroulent mieux au niveau européen. Si seulement dix pays européens pouvaient inclure 800 patients dans ces essais, nous disposerions d'un échantillon de 8 000 patients. Notre préparation en amont nous a permis en France d'inclure 800 patients. Je pense d'ailleurs qu'il s'agit de l'essai français qui, sur une aussi courte période, a inclus le plus grand nombre de personnes. En revanche, le volet européen, malgré notre optimisme, n'a pas été un succès en raison des freins réglementaires et administratifs que nous avons rencontrés.

Nous avons travaillé pour qu'en temps de crise, les autorisations puissent être délivrées plus rapidement. Malheureusement, cette accélération des démarches a participé au foisonnement des projets d'essais cliniques. Je suis convaincu que le fait de dénombrer 365 essais cliniques sur notre territoire ne constitue pas une bonne nouvelle, dans la mesure où cela témoigne de l'existence d'un grand nombre d'essais de petite taille. A l'inverse, de grands essais cliniques au niveau national et européen produiraient des résultats beaucoup plus importants. Entre les deux vagues, nous nous sommes toutefois efforcés de recentrer les essais et de mettre en place un système de coordination, tout en nous appuyant sur l'écoute des acteurs de terrain.

Vous nous avez également interrogés sur la question des modèles animaux. Dans ce domaine, nous avons procédé à rebours de l'approche habituelle et engagé directement des études sur l'homme incluant 8 000 personnes. Nous avons pu le faire, car il s'agissait de traitements repositionnés. En cas de nouveaux traitements, une telle approche n'aurait pas été possible. Je précise que les traitements repositionnés sont des traitements dont la toxicité et la tolérance ont déjà été évaluées chez l'homme. Cependant, les études précliniques, dès lors qu'elles sont correctement réalisées sur des modèles animaux, nous permettent de ne pas évaluer tous les traitements chez l'homme, ce qui prend beaucoup de temps.

Avec Xavier Anglaret, Roger Legrand, les équipes de l'Institut Pasteur et de l'ANSES, nous avons progressivement mis en place des essais sur les modèles animaux. L'idée à présent est de n'étudier sur l'homme que les traitements prometteurs.

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