Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 3 juin 2021 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, député, président de l'Office :

. – Chers collègues et chers invités, au cours de cette riche matinée d'audition, nous avons pu rappeler à quel point la science est au cœur de grandes problématiques publiques, comme au cœur de cette pandémie. Bruno Canard et Xavier de Lamballerie ont fortement insisté sur ce point.

Les interventions ont également fait ressortir à plusieurs reprises que la recherche a besoin de progresser selon des canaux et des voies multiples. Vous avez tous insisté sur le nombre des molécules et des traitements à tester, mais nous avons aussi été impressionnés par le nombre de projets vaccinaux qui ont été lancés ainsi que par la diversité des techniques utilisées.

Selon les cas, ces projets peuvent aboutir ou non à des résultats positifs. Néanmoins, tout le monde a été surpris de voir à quel point la réponse vaccinale a été puissante et rapide. A contrario, le bilan pour les traitements s'avère plutôt maigre comme le soulignait Xavier de Lamballerie. Ainsi, les nombreux produits qui ont été testés en repositionnement s'assimilent dans l'ensemble à « un mirage » pour reprendre le terme que vous avez employé. Quelques traitements efficaces ont toutefois été obtenus pour la phase inflammatoire. J'ai également relevé le besoin de poursuivre la recherche en la matière sur une base plus organisée et systématique en prévision des épidémies qui ne manqueront pas de survenir.

Vous avez soulevé des problèmes de coordination. Ainsi, le grand nombre d'essais témoigne, certes, d'une effervescence, mais aussi d'une dispersion des efforts au niveau national et européen. Vous avez évoqué la déstabilisation issue de la médiatisation de certaines pistes particulières de traitement qui ont monopolisé le débat public et produit des effets extrêmement contre-productifs. Vous avez également abordé le différentiel entre la recherche à l'hôpital et celle en ville, sur laquelle nous devons progresser.

Les interventions défendant le bien-fondé et l'importance de l'ANRS‑MIE, à laquelle les parlementaires que nous sommes adressent tous leurs vœux, m'ont paru tout à fait convaincantes. Nous avons également bien compris que vos moyens restent trop modestes par rapport aux attentes qui pèsent sur vous. À travers cette agence et les autres canaux institutionnels, nous devons travailler sur la gestion des ressources humaines, notamment sur la stabilisation et la bonne gestion des carrières. Nous devons en outre progresser en termes de simplification et de réactivité, mais aussi sur les moyens qui doivent être accordés aussi en amont et aussi efficacement que possible.

Nous nous situons à un moment particulier de la pandémie, puisque les statistiques récentes montrent la décrue du nombre de cas en France. Néanmoins, la vigilance doit rester de mise. Il est cependant temps de commencer à tirer les conclusions de cette pandémie, tant du point de vue des mécanismes d'hospitalisation, des traitements, que des stratégies publiques ou des questions institutionnelles. Votre audition nous a apporté sur ces différents points des conclusions provisoires, notamment sur la nécessité de progresser dans l'organisation de nos recherches au niveau national et international.

Au nom de tous mes collègues, il me revient de vous dire combien nous sommes fiers de nos chercheurs et de notre système de recherche. Vous représentez cette aspiration française à lutter contre l'inconnu et l'ignorance. Nous mesurons simultanément le chemin qu'il reste à parcourir pour combler nos retards et remédier aux lourdeurs et aux insuffisances en la matière.

Nous tâcherons de faire le meilleur usage de vos contributions.

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