En ce qui concerne le Sahara, l'IRSN a produit une note sur un épisode qui a eu lieu en février de cette année avec la remise en suspension de césium dans l'atmosphère. L'une des interrogations était le lien avec des retombées des essais français.
Le premier point qu'il est important de mentionner est que plusieurs pays – les États-Unis, l'Union soviétique, la Chine, le Royaume-Uni, la France – ont fait des essais aériens dans l'hémisphère nord. Il est évidemment impossible d'attribuer telle particule de césium à tel essai sachant que, ces essais ayant des conséquences à haute altitude, la concentration de césium dans l'atmosphère s'homogénéise. C'était différent pour l'accident de Tchernobyl où il s'est créé une contamination en taches de léopard parce que les rejets ont eu lieu à faible altitude, à la hauteur des cheminées ou un peu plus haut. Le césium issu des essais aériens est uniformément réparti. Il est évidemment d'origine artificielle mais il vient de l'ensemble des essais et n'est pas spécifiquement lié aux essais français.
Le deuxième point important est que la concentration habituelle est de l'ordre de 0,1 microbecquerel par mètre cube. En février, cette concentration a été multipliée par un facteur dix mais ce n'était pas la première fois. En 2004, un précédent épisode avait provoqué une multiplication par un facteur 30. L'accident de Fukushima correspondait à un facteur 100 et, pour l'accident de Tchernobyl, le facteur multiplicatif était de plus d'un million, ce qui relativise le sujet.
L'épisode récent est lié à une remise en suspension de sable saharien contaminé par des phénomènes météorologiques qui ont traversé la Méditerranée et l'ensemble de l'hémisphère nord. Au-delà du suivi de la contamination de l'atmosphère en France, l'IRSN n'a aucun rôle sur le sujet des essais sahariens.
Je rappelle que l'accident de Fukushima résulte d'un séisme combiné à un tsunami conduisant à la destruction des alimentations électriques et des sources froides des quatre réacteurs situés en bord de mer alors que trois étaient en fonctionnement et le dernier – le numéro 3 – à l'arrêt. L'IRSN a travaillé sur le sujet et défini la notion de « noyau dur ». L'idée est d'identifier un certain nombre de matériels, soit existants, soit à mettre en place, pour répondre à trois objectifs afin de faire face à des agressions de grande ampleur :
Très concrètement, l'IRSN a travaillé en trois phases. La première phase, dans les suites directes de l'accident, a débouché sur la mise en place de moyens mobiles, des pompes, des diesels de secours, etc. ainsi que de la force d'action rapide nucléaire (FARN). EDF a constitué une équipe déployable dans un délai de 24 heures sur tout site. La FARN comporte trois équipes, pré-positionnées sur trois sites, qui peuvent rejoindre tout site pour aider à gérer une crise grave.
Dans une deuxième phase ont été mis en place des diesels d'ultime secours et des centres de crise durcis. Dans une troisième phase, des moyens fixes seront développés dans le cadre de la prolongation des réacteurs au-delà de quarante ans.
Je pense que votre question vise à la fois les diesels d'ultime secours, qui sont tous en place aujourd'hui, et les centres de crise durcis. À ma connaissance, le seul centre de crise durci opérationnel est celui de Flamanville. Les autres seront déployés entre 2022 et 2026, la plupart d'entre eux en 2024, EDF ayant mis en place divers moyens pour renforcer sa gestion de crise.