Merci de m'avoir invité à faire cette présentation. Je souhaitais commencer par rappeler la façon dont nous avons œuvré au cours des deux dernières années à l'élaboration et à la mise en œuvre de la Stratégie quantique française, mais la présentation que vient d'en faire le président se suffit à elle-même. Je propose donc d'aborder directement les enjeux et la répartition budgétaire. Je vous présenterai ensuite un point d'avancement de la mise en œuvre de cette stratégie, depuis l'annonce présidentielle faite au mois de janvier 2021.
La Stratégie quantique a été annoncée par le Président de la République ; elle part du constat que les technologies quantiques ont un potentiel de disruption très important dans plusieurs secteurs économiques sur lesquels un certain nombre d'entreprises sont déjà positionnées. Au regard des auditions qui ont eu lieu dans le cadre de la mission Forteza et des consultations que l'État a continué à mener pour mettre en œuvre les recommandations de cette mission, la France a les moyens de figurer dans le premier cercle des pays en capacité d'utiliser et de développer les outils quantiques.
Le premier enjeu est de conquérir des parts de marché mondiales dans le calcul, les capteurs, la cryptographie et les technologies capacitantes. La France accueille des acteurs industriels importants dans le calcul intensif tels que Atos, ainsi que dans le monde des capteurs avec les sociétés iXblue, Thalès et Airbus et un certain nombre de start-up qui collaborent avec ces grands groupes ou y sont intégrées depuis quelques mois. Nous avons également la capacité de conquérir des parts de marché dans les technologies capacitantes. Il s'agit des technologies qui ne sont pas quantiques, mais qui sont indispensables à la maîtrise et au développement des technologiques quantiques.
Le deuxième enjeu est sociétal, avec 1,8 milliard d'euros d'argent public investis sur les cinq prochaines années. Cette somme conséquente est comparable à ce qui se fait au niveau international. Vis-à-vis de nos concitoyens, il est nécessaire d'avoir un message de pédagogie, de créer une adhésion aux raisons qui ont amené l'État à investir dans ce domaine qui a des enjeux à long terme, tant sur la santé que la cybersécurité et la transition écologique.
Enfin, le dernier enjeu est scientifique et technologique ; il s'appuie sur un socle d'excellence scientifique. Les expériences d'Alain Aspect sont à la base des technologies quantiques telles qu'on les comprend aujourd'hui. Quelques pépites issues de la recherche académique française, rayonnent d'ores et déjà au niveau mondial et sont en compétition avec des industriels nord-américains tels qu'Amazon, Google ou Intel. Tout ceci n'aurait pas été possible sans l'excellence de notre recherche scientifique. L'enjeu est donc d'asseoir le rayonnement de la recherche française et d'en faire le bras armé de la compétitivité des entreprises françaises.
M. le président a évoqué la somme de 1,8 milliard d'euros pour les cinq prochaines années. Je propose de préciser comment ce montant s'articule. Nous avons fait le constat, dans le cadre de la mission Forteza, d'un investissement existant, non négligeable, qui place déjà la France au 6ème rang des investisseurs mondiaux dans le domaine du quantique, avant même l'existence d'une stratégie nationale. Les organismes de recherche, les établissements d'enseignement supérieur et l'Agence nationale de la recherche (ANR) investissaient déjà avant la mise en place d'une stratégie quantique, jusqu'à 60 millions d'euros par an. Partant de ce constat, nous avons mis en place une stratégie d'accélération, dans l'idée d'investir là où la France possède déjà un avantage compétitif. Les domaines concernés sont :
Le financement du Plan quantique français repose sur des sources diverses :
C'est ainsi que se répartit le montant annoncé de 1,8 milliard d'euros, qui reflète donc une véritable co-construction entre l'État, ses opérateurs, les industriels et les programmes européens.
Depuis l'annonce du Président de la République au mois de janvier 2021, plusieurs actions ont été lancées :
Dans les trois prochains mois, deux programmes sur lesquels les consultations ont commencé seront lancés : le programme Grand Défi sur le passage à l'échelle du calcul quantique ; le programme Actions de soutien aux filières industrielles des technologies capacitantes : cryogénie, lasers, isotopes stables et autres technologies gravitant autour du quantique.