Intervention de Pascale SENELLART

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pascale SENELLART, directrice de recherche au CNRS, professeure chargée de cours à l'École polytechnique et cofondatrice et conseillère scientifique de Quandela :

Le potentiel à exploiter est très important, notamment sur les plateformes de développement technologique au LETI du CEA sur la partie calculateur quantique optique. Dans le schéma que j'ai présenté précédemment, il s'agit de la brique « intermédiaire », pour laquelle Quandela ne dispose pas de la technologie et s'appuie sur des fonderies au niveau international. Une belle fonderie française a commencé ce travail et le potentiel à exploiter est important. Certains outils mentionnés par Neil Abroug pourraient être dédiés à ces développements technologiques de haut niveau et j'attire votre attention sur les moyens importants qu'ils requièrent.

Je vais à présent exprimer mon point de vue d'enseignante-chercheuse et de coordinatrice du centre Quantum de l'Université Paris-Saclay. Un enjeu essentiel du plan quantique est la formation des cerveaux : la création de valeur, l'innovation et la création d'ordinateurs et de capteurs reposent sur la matière grise formée dans les universités et les équipes de recherche. Actuellement, nous constatons un équilibre remarquable sur la création de valeur observée et la mise en route de l'écosystème, avec une accélération rapide au niveau industriel et des start-up. Par ailleurs, la France est devenue une terre d'accueil pour les start-up étrangères. Cette situation est très positive, mais elle n'est pas exempte de points de vigilance au regard de la formation. En effet, la taille du vivier d'embauches a déjà atteint ses limites, notamment sur la partie hardware, alors que la croissance toujours plus rapide du nombre des start-up oblige à former de plus en plus de cerveaux. Le Plan Quantique s'est saisi de ce problème dès cette année, mais je considère qu'il est nécessaire d'élargir fortement l'effort de formation par la recherche. Un plus grand nombre d'équipes doit contribuer à la formation des cerveaux, même si elles interviennent dans le quantique sans être spécialistes des technologies quantiques.

L'autre danger est la difficulté de maintenir la recherche fondamentale dans un contexte où les entreprises privées seront de plus en plus attractives. Voici 3 ans, mon équipe recevait 20 CV et j'en adressais quelques-uns à Quandela. Aujourd'hui, c'est l'inverse : Quandela reçoit une vingtaine de CV et j'en reçois 1 ou 2. Mon équipe reste scientifiquement attractive, mais souffre de cet effet d'aspiration des cerveaux par les start-up.

Pour former et attirer un grand nombre de cerveaux, une piste clairement identifiée est celle de l'attractivité et de la visibilité des grands centres de recherche français. Avant même le travail réalisé par les pouvoirs publics, les chercheurs du quantique ont créé des centres quantiques, notamment à Grenoble, Saclay et Paris et plus récemment en Occitanie, à Strasbourg et à Bordeaux. Ils se sont structurés et se sont réjouis de la recommandation du rapport Forteza de soutenir ces initiatives, qui sont la clé pour attirer les cerveaux, augmenter l'effort de formation par la recherche et favoriser l'interdisciplinarité. Force est de constater que cette recommandation n'a pas été reprise pour le moment par le Plan Quantique français. Le centre quantique comme entité régionale, avec une politique scientifique locale d'innovation, d'interdisciplinarité et de lien avec la formation est pourtant un modèle européen standard, mais la France ne s'en est pas encore emparée.

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