Merci de votre invitation. Je vais essayer d'être concret. Je suis cofondateur de la société Pasqal qui fabrique des processeurs quantiques. J'ai réalisé une thèse en physique voici 20 ans sur la technologie qui est aujourd'hui au cœur du savoir-faire de Pasqal. J'ai ensuite rejoint le monde de l'industrie dans des grands groupes et des start-up. Voici deux ans, j'ai créé Pasqal, fort de toute cette expérience. Mon parcours illustre le cercle vertueux de la recherche fondamentale : je n'aurais jamais pensé voici 20 ans qu'une start-up pourrait être créée sur le sujet de mes travaux d'alors. Aujourd'hui, le marché existe, nous livrons les machines à des clients comme le centre CEA de Bruyères-le-Châtel ou le centre de calcul de Jülich, et elles résolvent des problèmes. Nous travaillons avec EDF, le Crédit agricole. Deux machines sont en cours de construction et assureront notre service Cloud afin de rendre le calcul disponible en ligne aux utilisateurs. Deux autres machines sont prévues pour les centres de calcul.
Les smartphones actuels, qui tiennent dans une poche, sont un million de fois plus puissants que les ordinateurs qui ont amené l'homme sur la Lune. Or, un million de ces smartphones mis côte à côte à travailler ensemble ne suffiraient pas à résoudre les problèmes calculatoires qui se posent à nous. Ils ne permettraient pas de trouver de nouvelles molécules pour créer des médicaments, de simuler la matière pour inventer de nouveaux matériaux, de nouvelles batteries, des panneaux photovoltaïques et participer à la résolution du problème du changement climatique.
La solution est quantique. Une première révolution quantique a eu lieu au XXe siècle et a permis l'invention du transistor, du laser, de l'IRM… Aujourd'hui, nous assistons à une deuxième révolution quantique en utilisant les qubits et en les superposant dans leurs états intriqués, afin de réaliser des calculs massivement parallèles. Il ne s'agit pas d'une amélioration continue, mais d'une révolution du calcul, équivalente au passage du travail manuel à la machine à vapeur.
Une étude du Boston Consulting Group a évalué la valeur créée par le calcul quantique à 800 milliards de dollars en 2030. Pour une société comme Pasqal, le chiffre d'affaires annuel à cet horizon peut être estimé à 10 ou 20 milliards.