. ‑ Merci beaucoup M. le président, Mesdames et Messieurs les parlementaires. Je vous présenterai ce que fait Airbus dans le domaine des communications quantiques, notamment dans le cadre du programme européen Europlus Line.
Le cœur de métier de notre activité concerne les communications hautement sécurisées pour les gouvernements et les ministères de la défense. L'avènement des ordinateurs quantiques est riche de promesses, mais amène également de nouvelles menaces. Il met notamment en péril la sécurité des réseaux tels qu'on les connaît aujourd'hui et fragilise la robustesse de la cryptographie des échanges qui transitent dans un réseau.
L'objectif du programme européen est de développer la première brique d'un internet quantique à l'échelle européenne et d'assurer une transmission de clés sûre permettant de répondre à ce nouveau défi lié au progrès quantique. La transmission de la clé est totalement sécurisée, basée sur les propriétés physiques de la lumière, et il est impossible pour un hacker de lire cette information sans que ceci soit connu. Les communications quantiques sont à la fois l'épée et le bouclier, car elles créent de nouvelles menaces, mais permettent aussi de communiquer de manière totalement sécurisée.
La vision européenne est incrémentale : l'étape de l'année 2021 est celle des études de systèmes qui permettront de définir l'architecture des prochains réseaux. Airbus mène un des deux consortia aujourd'hui avec Orange et de nombreux partenaires européens. À l'issue de cette étude, la Commission européenne exploitera une architecture technique afin de déployer un premier système par étape : démonstrateurs en 2024, système pleinement opérationnel permettant l'échange de clés quantiques en 2028 afin d'aller vers l'internet quantique complet et totalement inviolable en 2035.
Ce programme intègre une dimension terrestre, portée par Orange, et une dimension spatiale. En effet, l'une des problématiques des communications quantiques est la préservation de la clé sur une distance de plus de quelques dizaines de kilomètres. Les solutions spatiales permettent d'avoir une plus grande élongation. La vision est celle d'un système : pour avoir un réseau résilient pour un usage gouvernemental, il est nécessaire de combiner à la fois une dimension terrestre, organisée autour d'un réseau de fibres noires avec des nœuds sécurisés sur le territoire national et des nœuds frontières entre les pays, et une dimension spatiale satellitaire, qui permet de transmettre des clés par envoi de photons et qui présente à la fois un avantage en termes de distance et des inconvénients liés à une moindre efficacité pendant la journée et à des moindres débits. Pour l'utilisateur final, le système fonctionne de manière transparente et permet de passer des communications sécurisées. Un orchestrateur allouera en permanence le trafic, priorisera et déterminera des règles d'acheminement et de transmission des clés.
Un des principaux défis de ce programme concerne l'interopérabilité. L'information doit passer des frontières et transiter dans un réseau avec des particularités régionales ou locales. L'objectif est de concevoir une architecture système pleinement interopérable et interconnectée. Orange nous apporte son savoir-faire dans ce domaine en s'appuyant sur l'infrastructure existante, en faisant mûrir des solutions et en les transposant à l'échelle industrielle.
Le rythme des prochaines étapes est rapide. Sur les systèmes, des appels d'offres européens sont attendus dès 2022 sur la partie terrestre et orchestration, avec un objectif de déploiement d'un premier prototype en 2024. Sur le segment spatial, la réponse de l'ESA est arrivée et des appels d'offres sont attendus début 2022. À un horizon de 3 ou 4 ans, nous aurons en orbite et au sol des éléments de systèmes permettant d'avoir une première expérience opérationnelle. L'objectif est ensuite de passer d'une étape d'innovation en laboratoire ou en start-up à une échelle opérationnelle, avec des éléments mesurables pour un utilisateur.
En connexion avec le Plan Quantique français, nous avons d'excellentes chances de positionner la France comme un acteur leader dans ce programme européen. Cela passe par une exploitation maximale et une optimisation des complémentarités entre financements européens et français et par la mise en place d'une équipe française unie et forte.
Toutes les technologies sont maîtrisées en laboratoire et dans des universités et il est désormais nécessaire de passer à une échelle industrielle, de bâtir des filières d'excellence et d'être capable de produire de manière récurrente un service reconnu comme fiable et résilient. D'un point de vue technique, les communications optiques sont la base des communications quantiques. Airbus est le chef de file dans le domaine spatial pour structurer la filière industrielle concernant les liaisons laser entre l'espace et le sol. Capitaliser sur les filières qui existent déjà en France permettra d'aboutir à une autonomie maximale en Europe avec un contenu français important.
Je souligne l'importance du Plan Quantique français qui permettra de passer à la vitesse supérieure en accélérant et démultipliant les actions en cours. Le fait que l'État se positionne en utilisateur de ce système est un fort élément de crédibilité apporté aux futurs utilisateurs.