Votre question est la problématique centrale dans la prise en charge des patients.
Le risque est d'abord celui du retard dans la prise en charge. Avec une démarche assez pragmatique de remise à l'effort, de soutien psychologique, d'explication des symptômes, de traitement symptomatique, beaucoup de patients s'améliorent. Et on a l'impression, très empirique car il n'y a pas de travaux là-dessus, que plus vite on prend les patients en charge, plus vite ils retournent au travail dans la mesure où ils peuvent le faire, et mieux ils évoluent. On manque de données scientifiques, mais ce sentiment est très partagé par les soignants.
Le deuxième risque, avec la surattribution, est sinon de réaliser un faux diagnostic, du moins de passer à côté d'un diagnostic différentiel, c'est-à-dire qui se surajoute au Covid long. En consultation, dans mon hôpital, 15 % des patients venus pour un Covid long repartent avec un autre diagnostic, et probablement le Covid long en plus. On a ainsi dépisté des insuffisances surrénaliennes – c'est rare mais ça existe –, ou bien des cancers chez des personnes fatiguées. Dans ces cas, l'attribution au seul Covid long aurait conduit à des conséquences extrêmes. A l'inverse, écarter la possibilité du Covid long peut aussi mener à une errance et un retard de prise en charge. Pour l'instant, cette dernière est certes très symptomatique, mais elle soulage vraiment les patients.