Intervention de Anne-Briac Bili

Réunion du jeudi 16 décembre 2021 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Anne-Briac Bili, directrice de cabinet du directeur général de l'Agence régionale de santé Bretagne :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les parlementaires, je vais effectivement parler des initiatives qui ont été conduites en Bretagne sur la prise en charge post-Covid.

L'ARS Bretagne agit dans un cadre national, dont les dispositions nous ont guidés pour mettre en place des filières Covid long avec une gradation de prise en charge. Nous avons lancé un Appel à manifestation d'intérêt (AMI) Covid long au printemps dernier. Il s'agissait en premier lieu d'identifier les organisations qui existaient. Les intervenants précédents l'ont dit : la prise en charge du Covid long est d'abord une histoire de personnes, de volonté, et de nombreuses actions se faisaient déjà en région. L'AMI visait aussi à accompagner les acteurs pour mettre en place une filière Covid long dans leurs structures.

Une enveloppe de 250 000 euros provenant du Fonds d'intervention régional (FIR) a financé à la fois du temps de coordination, par exemple d'infirmière, en établissement, mais également de l'ingénierie de projet, par notamment des investissements pour l'activité physique adaptée. L'ARS cherchait à structurer des prises en charge Covid long dans chaque territoire de santé.

L'AMI a été transmis à l'ensemble des établissements de santé et des professionnels libéraux. Nous avons aussi sollicité les représentants d'usagers pour qu'ils puissent rapporter des initiatives. Dix établissements de santé ont finalement répondu – mais aucun professionnel libéral – et ils ont été accompagnés par le FIR.

L'ARS a lancé une enquête régionale pour faire le recensement complet de l'offre. Parmi les établissements proposant une prise en charge Covid long, on trouve ainsi des CHU, des centres hospitaliers ou des établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR). Si chaque département a une offre, le maillage de proximité reste encore à travailler. Nos premiers constats ont montré que les dispositifs d'appui à la coordination (DAC) avaient du mal à mettre en place les cellules de coordination ; la raison principalement invoquée était la nouveauté du Covid long et le manque de connaissance sur sa prise en charge et sur l'offre en région – je rappelle que les DAC ont un rôle d'orientation et d'information sur l'offre existante. On s'est aperçu également qu'il était nécessaire d'informer et de former les professionnels de santé de premier recours, à la fois pour repérer les patients atteints de symptômes post-Covid, mais également pour les orienter. En effet, comme les Hôpitaux universitaires de Genève, nous avons choisi d'avoir en point d'entrée un médecin qui puisse établir le programme de soins du patient et, si son état le nécessite, l'orienter vers un établissement de santé ou vers d'autres professionnels de santé libéraux, par exemple une rééducation respiratoire chez un kinésithérapeute de ville ou une consultation chez un ORL pour l'anosmie.

À la suite de cet état des lieux, nous avons expérimenté la structuration d'une filière sur le bassin rennais, couvrant le territoire de Rennes-Métropole. Le modèle reposait sur le financement d'une infirmière de coordination au CHU de Rennes, chargée d'évaluer et d'orienter les demandes. Un arbre décisionnel a été établi avec le CHU : le médecin traitant fait des évaluations, notamment sur la base des questionnaires mis à disposition par la Haute Autorité de santé, et oriente le patient en contactant l'infirmière diplômée d'État de parcours, le dispositif d'appui à la coordination ou un professionnel de ville.

Depuis le 20 septembre, date à laquelle a ouvert l'unité Covid long du CHU, 180 demandes ont été traitées : 75 % proviennent de médecins de ville, ce qui montre qu'il y avait bel et bien un besoin, et 25 % sont des demandes directes de patients, via la ligne téléphonique dédiée qui a été ouverte. 50 patients ont été pris en charge au CHU et 130 ont été orientés vers d'autres dispositifs avec un programme de soins.

Un tel dispositif, avec une infirmière de parcours positionnée dans un établissement de santé, est très pertinent au début, lorsqu'il s'agit de structurer la filière sur un territoire et d'avoir une visibilité sur son offre et ses orientations. Mais ce ne sera plus utile lorsque l'ensemble des acteurs connaîtra bien le dispositif d'orientation.

Plusieurs actions complémentaires ont été réalisées. J'ai évoqué tout à l'heure le besoin d'information et de formation des professionnels du premier recours. À partir des recommandations de la Haute Autorité de santé, l'ARS a travaillé sur un guide à destination des médecins généralistes pour le repérage et l'orientation des patients, avec l'arbre décisionnel que j'évoquais il y a quelques instants. Surtout, un webinaire de formation et d'information sur le Covid long a visé à toucher l'ensemble des professionnels de ville de la région. Ce webinaire était structuré autour de cinq interventions, avec un infectiologue du CHU de Rennes et des médecins hospitaliers spécialisés en rééducation, mais aussi des acteurs de ville : un orthophoniste qui faisait de la rééducation, notamment pour l'anosmie, en lien avec un ORL, un médecin du sport et un kinésithérapeute. Ce webinaire a rassemblé plus de 500 participants, alors qu'il a eu lieu au même moment que l'intervention du président de la République. Ce fut un grand succès. D'ailleurs, les professionnels du premier recours ont insisté pour que nous réitérions ce webinaire en communiquant toute la cartographie de l'offre en établissement de santé ; nous sommes en train d'y travailler.

D'autres actions sont à venir. Nous avons prévu d'organiser au tout début du mois de janvier une revue de projet avec l'ensemble des établissements de santé, qu'ils aient été financés ou non dans l'appel à manifestation Covid long, pour faire un retour d'expérience sur les prises en charge et pour mieux évaluer les files actives des patients, qui restent aujourd'hui difficiles à quantifier. Comme vous le savez, la Bretagne a été peu touchée par la première vague de l'épidémie. La thématique du Covid long est arrivée en même temps que la publication des orientations et des documents nationaux. On a donc du mal à identifier les patients en errance et sous diagnostiqués, voire pas du tout diagnostiqués ni pris en charge.

L'ARS compte aussi formaliser un guide à destination des autres professionnels de santé, qui nous a été demandé. Le travail mobilise les Unions régionales de professionnels de santé (URPS) et se fonde sur les documents nationaux qui constituent le socle de toutes les modalités de prise en charge.

Enfin, nous avons bien sûr rencontré des représentants de l'association #ApresJ20, et nous allons organiser un webinaire à destination des patients pour présenter ces filières que nous sommes en train de structurer.

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