Intervention de Gérard Longuet

Réunion du jeudi 2 décembre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Gérard Longuet, sénateur, premier vice-président de l'Office :

Je rejoins l'observation de Catherine Procaccia selon laquelle il y a un point à clarifier. La note restitue bien les efforts des entreprises qui découvrent le biomimétisme et qui s'y s'intéressent, à la fois pour faire travailler l'imagination de leurs chercheurs et peut-être pour se rapprocher de leurs objectifs en matière de RSE. Mais la mention du greenwashing, de l'écoblanchiment, me semble être une forme de procès d'intention envers les entreprises. Le biomimétisme est une piste de durabilité, pas une obligation.

Quand la note dit « il conviendrait de mettre en place des critères précis permettant de valider ce type de démarche afin d'écarter le risque de greenwashing ou écoblanchiment », cela donne le sentiment que les solutions proposées peuvent être de mauvaise foi. Alors qu'en réalité, comme il est dit très justement peu après, une technologie bio-inspirée devrait avoir une analyse du cycle de vie irréprochable et s'inscrire dans une philosophie de protection de la biodiversité. Travailler avec le vivant implique de placer l'éthique au cœur de la démarche car il ne faut pas faire dire au vivant ce qu'il ne nous dit pas. Certes, le risque existe que par un biomimétisme manipulé, des entreprises revendiquent l'imitation de la nature pour justifier leurs actions. Mais ce risque n'est pas établi, c'est un danger parmi d'autres, comme tous les comportements humains. Je pense qu'ouvrir ce passage par la mention d'un « biomimétisme durable au service de l'économie » serait très pertinent et je propose d'indiquer que travailler avec le vivant implique de « placer l'éthique au cœur de la démarche et de faire partager cette éthique par les acteurs économiques », plutôt que d'évoquer brutalement l'écoblanchiment ou le greenwashing sur un mode que je trouve inutilement polémique.

Je pense donc que tout ceci devrait être écrit de façon plus ronde. La référence éthique est très souhaitable. Je ne suis pas du tout scientifique puisque j'ai fait des études de sociologie. Il existe une école de pensée s'intéressant aux communautés humaines qui s'efforce de transposer les comportements des groupes d'animaux pour expliquer qu'au sein de la nature, les notions de hiérarchie et de conflit sont évidentes, permanentes et expliquent les comportements. Ainsi, pour caricaturer, notre volontarisme des Droits de l'Homme constituerait une sorte d'accident.

Faire parler la nature pour justifier des comportements qui ne sont pas acceptables serait déloyal sur le plan éthique : les communautés de fourmis s'organisent d'une certaine façon et n'ont rien à voir avec ce que nous sommes. L'idée de la charte éthique me plaît beaucoup, car cela permettrait de montrer qu'on ne parle de la nature qu'avec gravité, sans lui faire dire ce qu'elle ne dit pas et sans exiger d'elle des aspects impossibles à transposer directement.

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