Intervention de Amiral Christophe Prazuck

Réunion du mardi 24 juillet 2018 à 14h00
Mission d'information relative à la prochaine génération de missiles anti-navires

Amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la marine :

Je ne suis pas certain que le contribuable britannique serait ravi de contribuer au financement des études du futur porte-avions français ! Plus sérieusement, dans les années 2000, au moment où le Royaume-Uni lançait la conception des porte-avions aujourd'hui mis en œuvre, une telle solution avait néanmoins été envisagée. La France avait en effet hésité à participer au programme CVF, ce qui lui aurait permis de disposer d'un deuxième porte-avions, de même classe que les deux porte-avions dont dispose aujourd'hui le Royaume-Uni. Mais les choses ne sont pas passées ainsi. Le choix des autorités britanniques de ne pas équiper les porte-avions de catapultes a conduit au choix d'avions à décollage court et à appontage vertical. En conséquence, les Rafale français ne pourront jamais s'y poser. J'espère en revanche que les F‑35 pourront apponter sur le Charles‑de‑Gaulle. Néanmoins, la coopération ne s'est pas éteinte pour autant. Ainsi, durant la construction des porte-avions de classe Queen Elizabeth, les flottilles de chasse françaises ont accueilli des officiers britanniques afin de maintenir la compétence d'appontage et de vol au‑dessus de la mer. Je sais que, de la même manière, des flottilles américaines ont accueilli des pilotes britanniques. De plus, nous avons travaillé avec nos partenaires britanniques sur le concept d'emploi du porte‑avions. Tout cela peut paraître un peu théorique mais en réalité, partager la responsabilité de définir comment ce bateau sera utilisé est une vraie marque de proximité!

Aujourd'hui, nous allons poursuivre notre travail de mise en commun des bâtiments d'escorte. N'oublions jamais qu'un porte-avions, s'il constitue un outil tactique et militaire fondamental, est aussi un objet politique, autour duquel il est possible d'agréger les volontés de ses alliés et des membres d'une coalition. Ces dernières années, chaque fois que le Charles‑de‑Gaulle a été engagé, comme en Syrie après les attentats qui ont frappé Paris en 2015, il était accompagné de bateaux européens – allemands, belges, britanniques, italiens. Cette capacité à entraîner les autres autour d'une capacité militaire majeure me paraît essentielle. C'est pourquoi aux escortes britanniques du Charles-de-Gaulle répondront des escortes françaises du Prince de Galles et du Queen Elizabeth. Il s'agit là d'un sujet de coopération à même d'exprimer la proximité entre nos deux marines.

Enfin, quelques mots sur les capacités de commandement. J'ai évoqué un peu plus tôt le CJEF. Cette force pourrait tout à fait être constituée autour du porte-avions ou de forces amphibies. Or, nous sommes en train de bâtir cette capacité à commander une force à la mer. Il me semble que la coopération autour du porte-avions s'exprimera davantage dans un cadre opérationnel que dans un cadre industriel.

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