Il me sera difficile de parler après Brigitte Bourguignon, car elle a tout dit ou presque, et je suis tout à fait en phase avec ses propos.
Je n'ai pourtant pas, en tant que président de la commission de la défense, le même vécu, car nous sommes bien moins souvent dans l'hémicycle que les membres d'autres commissions – finances, lois, affaires sociales... Nous venons, certes, de consacrer beaucoup de temps à la loi de programmation militaire, mais notre travail législatif s'arrête quasiment là – hormis son actualisation dans quelques années et la discussion budgétaire chaque automne. Nous avons également beaucoup de missions d'information, de visites et de déplacements sur le terrain, mais les contraintes auxquelles est soumis un membre de la commission de la défense ne sont pas du même ordre que dans les autres commissions.
Nous avons avec le ministère une très grande proximité, y compris géographique puisqu'il suffit de traverser la rue, à telle enseigne qu'il m'arrive d'accueillir la ministre au milieu de la chaussée, en terrain « neutre ». La fluidité que permet cette proximité est très importante : si nous avons commencé officiellement l'examen de la loi de programmation le 8 février dernier, nous avions été associés dès l'automne, non pas aux décisions, qui relèvent du Président de la République et du Conseil de défense, mais aux réflexions, en commun avec le cabinet de la ministre et les états-majors. Notre travail d'auditions, d'examen des articles en commission puis dans l'hémicycle, s'en est trouvé facilité, ce qui a permis un enrichissement du texte via un grand nombre d'amendements dont certains, bien sûr, étaient très politiques, mais dont la plupart ont été adoptés à une très large majorité, voire à l'unanimité.
Ce travail en amont, effectué sans empiéter sur les compétences de l'exécutif ni inversement, est très important. Il a permis de désamorcer des interrogations, des incompréhensions, voire des blocages, et c'est ce qui fait que, par la suite, le débat, en commission comme dans l'hémicycle, n'est pas aussi tranché que sur d'autres textes. Nous aurions sans doute quelques propositions à faire en la matière.
Nous conduisons aussi, je le disais à l'instant, un certain nombre de missions d'information, qui sont un outil très précieux, et dont la médiatisation permet de rendre visible le travail des parlementaires responsables de ces missions. Nous en avons constitué quatre en début de législature, et six autres depuis la fin de l'examen de la loi de programmation, avec lequel je ne voulais pas qu'elles interfèrent. Ces missions sont composées de dix membres, dont au moins un de chaque groupe, les deux co-rapporteurs appartenant respectivement à la majorité et à l'opposition. Grâce à ce travail fait en commun, les choses se passent en toute confiance et en toute sérénité, même s'il y a, bien sûr, des désaccords politiques qui font partie du débat républicain.
J'ai répondu au questionnaire qui nous a été adressé, et mes réponses rejoignent largement ce qu'a dit Brigitte Bourguignon. Sans les reprendre en détail, je regrette simplement, s'agissant de l'organisation hebdomadaire du travail, que nous soyons obligés d'avoir un mode de fonctionnement très figé, car mon collègue Lescure, par exemple, dont la circonscription s'étend sur toute l'Amérique du Nord, n'a pas les mêmes contraintes ni les mêmes rythmes que moi qui suis élu de la région parisienne. Mais, comme nous ne trouverons jamais un mode de fonctionnement qui satisfasse tout le monde étant donné la diversité de nos besoins, il faut que les choses soient les plus fluides possible, et les contraintes les moins fortes possible. On parlait, en Conférence des Présidents, de moments de présence obligatoire dans l'hémicycle : au-delà des questions au Gouvernement, auxquelles l'assistance n'est pas obligatoire mais pourrait le devenir, cela pourrait concerner les votes solennels, les réceptions de chefs d'Etat étrangers, etc. Il s'agit que les députés se sentent concernés par la présence dans l'hémicycle à ces moments-là. Il faut aussi, inversement, valoriser le travail en commission, les rapports des missions d'information, les déplacements sur le terrain qui ont trait à des sujets importants. Voilà ce que je souhaitais dire en complément des propos de Brigitte Bourguignon.