Intervention de Alexandra Valetta Ardisson

Réunion du mardi 30 juin 2020 à 17h10
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandra Valetta Ardisson :

J'avais une question qui s'adressait peut-être plus particulièrement à M. Stora mais je vais toutefois vous la poser. Nous parlons beaucoup de l'esclavagisme mais il y a encore de l'esclavagisme moderne. Je suis près de Monaco, et je constate que, dans cet État, qui se présente comme meilleur que beaucoup d'autres l'esclavagisme est vraiment très loin d'être enterré.

Ainsi, pendant la crise de la Covid, de nombreux Philippins de Monaco qui habitent sur le territoire français se sont retrouvés sans ressources, dans des situations absolument impossibles, parce qu'ils avaient été licenciés par leurs employeurs du jour au lendemain. M. Stora avait insisté sur l'enseignement universitaire et la recherche. Selon moi, il faut aussi se préoccuper de l'enseignement scolaire pour réapprendre les fondamentaux à notre jeunesse. Je suis petite-fille de pied-noir, comme il y en a beaucoup dans le Sud de la France. Nous avons un souci avec l'Histoire, nous avons un passé qui ne passe pas, nous pouvons avoir des interprétations différentes de l'Histoire et les messages des politiques sont entendus mais ne sont pas forcément acceptés. J'en ai fait l'expérience alors que je me trouvais dans une association de pieds-noirs et qu'Emmanuel Macron a fait une intervention sur le sujet pendant la campagne des législatives.

L'Histoire, telle qu'elle figure dans les manuels aujourd'hui, telle qu'elle est parfois revendiquée, ne passe pas toujours pour certaines générations qui se trouvent aujourd'hui en France et qui la communiquent peut-être différemment de la réalité. Nous sommes dans le ressenti, dans la subjectivité mais nous voyons des polémiques faites autour de certaines commémorations par rapport à la fin de la guerre d'Algérie, par rapport à certaines dates. Nous avons des harkis qui sont toujours en attente de reconnaissance. Nous avons aujourd'hui, sur notre territoire, des personnes qui interprètent un peu différemment l'Histoire et qui forcément, quand elles la transmettent aux générations suivantes, le font avec leur sentiment et leur ressenti. Cela peut peut-être créer des générations qui peuvent avoir une rancœur vis-à-vis de la France ou vis-à-vis des décisions qui ont été prises. Nous nous retrouvons avec une Histoire, un passé, et des politiques qui prennent des positions qui sont à mon sens les bonnes, mais des gens qui ne les acceptent pas forcément. Je pense que c'est peut-être à l'Éducation nationale, aux collèges, aux lycées, d'apporter cette vraie part d'Histoire. Nous avons parlé tout à l'heure des personnes qui se sont battues contre la colonisation, mais d'une manière générale nous n'en parlons peut-être pas assez.

Si vous venez dans le sud de la France, vous verrez que certains regrettent la France algérienne et en veulent à de Gaulle, même parfois au sein d'un parti républicain. Nous avons donc ce passé que nous n'arrivons pas à expliquer, à justifier et qui est vécu et ressenti de façon différente. Cela crée des rancœurs vis-à-vis de certains hommes politiques qui ont fait de belles et bonnes choses. C'est pourquoi je pense que si les politiques doivent prendre davantage la parole, l'éducation a un rôle pour dire les choses de façon factuelle et permettre de mettre à distance le vécu et le ressenti.

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