Intervention de Frédéric Régent

Réunion du mardi 30 juin 2020 à 17h10
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Frédéric Régent, maître de conférences et directeur de recherche, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne :

Il faut peut-être donner des moyens pour créer d'autres formes de réseaux sociaux, plus liés à la culture et au savoir. Sinon, c'est un peu un combat contre Facebook. Nous avons une entreprise mondiale dont on sait maintenant qu'elle a pu influencer des résultats électoraux dans des grandes démocraties du monde et qui a un monopole. Il faut lui demander d'agir sur son algorithme mais je ne sais pas si c'est possible. En tout cas, nous avons identifié la cause du problème. Entre l'anonymat et l'enfermement dans des communautés virtuelles, je pense que nous avons deux éléments qui expliquent ce développement du racisme via les réseaux sociaux.

Je suis assez d'accord avec vous sur les épreuves de culture générale. C'est bien en soi, mais il est vrai que cela pose un problème. Je n'ai rien contre Normale Sup' en tant que telle, mais je fais un constat. Quand vous avez 75 % des reçus qui viennent des lycées du centre de Paris, ne faudrait-il pas un recrutement où le meilleur de chaque département serait pris, de manière aussi à éviter un autre phénomène, qui est que les meilleurs des classes prépa de province ou les meilleurs des lycées provinciaux sont recrutés par Louis-Le-Grand et Henri IV pour venir à Paris. Cette situation fait que celui qui étudie dans un lycée à Clermont-Ferrand, à Bobigny ou à Rennes renonce à passer le concours parce qu'il se dit que personne ne l'a jamais, en dehors de Paris. Si un élève par département était retenu, un rééquilibrage territorial serait fait.

Les discriminations territoriales sont une autre forme de discrimination. Le mouvement des gilets jaunes l'a montré ainsi que le fait qu'on pouvait être discriminé rien qu'en portant un gilet. S'agissant des violences policières, je me bats pour dire que c'est d'abord un problème de violence plus qu'un problème de racisme dans la police. Je prends l'exemple des gilets jaunes. Parmi les gilets jaunes, il n'y a pas beaucoup de Noirs, pas beaucoup de personnes d'origine maghrébine et pourtant, ils ont subi des violences qui étaient disproportionnées.

Enfin, c'est un autre sujet, mais c'est toujours lié à cette question des phénomènes de reproduction sociale. Je pense que dans la France ultrapériphérique, il existe le sentiment de reproduction sociale, de ne pas pouvoir dépasser un certain plafond de verre.

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