Pour faire évoluer les choses il y a quatre piliers : doctrine, management, formation et contrôle.
Dans la police, pour aborder une question, il faut d'abord une doctrine. Il faut avoir pensé ce que l'on veut faire, la manière dont on veut le faire et son inscription dans le temps. La transformation d'un ensemble d'administrations qui représente autant de personnes va prendre plusieurs dizaines d'années. Il a fallu une dizaine d'années pour implanter la police de proximité dans la seule ville de Montréal : imaginez le temps qu'il faudra à une échelle nationale !
Il faut bien distinguer la doctrine et la loi. La loi fixe les missions, les orientations, etc. La doctrine définit la façon dont on va mettre en œuvre ce que la loi permet. Or nous n'avons pas d'éléments de doctrine sur la lutte contre la discrimination.
Ensuite, il faut des outils managériaux, c'est-à-dire des outils de mesure de la performance. Un bon chef de police sait recevoir les plaintes – un chef de police qui reçoit beaucoup de plaintes est un bon chef de police – et sait mettre en place les outils de gestion de ses personnels, de façon à réduire les tensions avec la population. Cela doit être intégré aux outils de management, puis décliné à travers le système de formation – ce qui suppose, encore une fois, une doctrine.
Enfin, nous avons le quatrième pilier, qui est le contrôle. C'est un des éléments du pilotage, mais ce n'est pas le seul ni le principal. En France, ce sont les inspections qui font le gros du travail. Sont-elles le meilleur outil pour réguler les plaintes des citoyens envers la police. Vu la nature particulière des accusations de discrimination et de racisme, il ne va pas de soi que les policiers soient les mieux à même de les traiter en ce qui les concerne.