Dans les fiches d'emplois, EuroDisney indiquait les origines par pays. Parmi ceux-ci figuraient la France, mais aussi la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane ou La Réunion. Or ce ne sont pas des pays. J'avais bien compris quel était le raisonnement sous-jacent. Il fallait comparer le fichier des postulants et celui des recrutés pour vérifier qu'il n'y avait pas eu de quotas.
Nous avions rencontré beaucoup de résistance, ce qui illustre le problème de formation des policiers. Il faut mettre les pieds dans le plat : qu'il s'agisse de racisme, d'antisémitisme, d'homophobie ou de violences faites aux femmes, il n'y a pas de vraie réponse répressive. Les associations ont les plus grandes peines lorsqu'elles vont déposer plainte. J'ai saisi à plusieurs reprises le Président de la République. Lorsque j'étais délégué interministériel, j'appelais le ministre de l'intérieur ou le ministre de la justice pour faire bouger les lignes. Si un particulier va déposer une plainte, elle sera généralement classée sans suite. S'il est soutenu par une association, il aura un peu plus de chances. Si l'enquête est diligentée, elle sera traitée par-dessus la jambe ou a minima faute de temps, parce que ce n'est pas une priorité pour la police ou la justice, à moins que la presse ne s'en empare et en fasse un cas d'école.
C'est un grave problème : sans pression médiatique, les plaintes en ces matières sont toujours classées sans suite. Il faut former les officiers de police judiciaire, voire envisager la création d'un corps de policiers spécifiques, bien que la multiplication des corps spécifiques puisse poser des problèmes d'effectifs et de compétences universelles au sein de la police. Il reste que les policiers qui mènent ces enquêtes doivent être formés et les mener jusqu'au bout. Les procureurs ne doivent pas classer les plaintes sans suite, comme c'est presque systématiquement le cas. SOS Racisme, la Maison des potes, Stop homophobie et les associations de soutien aux femmes vous confirmeront que les plaignants sont presque systématiquement déboutés. Ce sont pourtant des souffrances, le refus d'un emploi ou d'un logement sont des formes de violence, et les victimes ne se sentent pas pleinement citoyens.