J'ai insisté sur ce que reflète le CESEDA parce que les gouvernants, de droite comme de gauche, ont une responsabilité dans les discours qu'ils tiennent. À partir du moment où l'on parle aux gens de « risque migratoire », on suscite des réactions apeurées. Et au niveau européen, n'en parlons pas : c'est catastrophique ! Je prendrai juste un exemple : au moment de la crise de 2015, Angela Merkel avait dit, en parlant de l'accueil des migrants : « Wir schaffen das ! », « Nous y arriverons ! ». Et, de fait, il y a eu un grand élan de solidarité. Le problème, c'est qu'elle n'a pas été suivie par ses partenaires européens : cela a donc moins bien fonctionné.
Certaines personnes – qui, je le répète, ne sont pas indigénistes, Monsieur le président –, qui s'inscrivent dans le projet « ville accueillante », proposent de recueillir des exilés, ceux qui « pourrissent » dans le camp de Moria. Cette attitude ne remet pas en cause les valeurs républicaines : loin de prôner l'indigénisme, elle respecte les valeurs de la démocratie en accueillant ceux qui sont refoulés aux frontières de l'Europe. Cela me paraît tout à fait positif et repose sur la même idée que l'appel à la régularisation des sans-papiers : nous ne devons pas être fermés sur nous-mêmes et devons au contraire nous montrer accueillants. Comment pouvons-nous admettre que l'humanité se divise entre ceux qui vivent bien, sont soignés et ne connaissent pas la guerre, et ceux qui vivent dans des endroits où ils sont assignés à résidence parce que nous fermons étroitement les frontières ? Je ne m'écarte qu'en apparence du sujet, car il est difficile de parler du racisme dans la société française sans inclure la question de l'immigration.