Intervention de Benoît Drouot

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 9h15
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Benoît Drouot, vice-président d'Alarmer, professeur agrégé d'histoire-géographie, formateur aux valeurs de la République :

Je partage la nécessité de délivrer une histoire qui soit vraie. Notre crédibilité réside dans le fait de ne pas essayer de cacher des pans de l'histoire tout en valorisant ce que l'on estimerait positif. Nous avons face à nous des élèves méfiants : s'ils ont le sentiment qu'on leur cache des choses, avec la complicité des professeurs d'histoire, nous ne parviendrons pas à faire passer notre message.

Nous devons ouvrir nos élèves à ce qu'il se passe ailleurs, dans le monde, pour leur faire prendre conscience de l'intérêt de notre modèle français et de ses valeurs.

Je souhaite insister sur la question des réseaux sociaux, qui m'inquiète beaucoup. Je me suis rendu compte qu'il s'agissait du seul moyen d'information de mes élèves. Ils ne lisent pas les journaux, n'écoutent pas de radios d'information, et ne regardent plus la télévision. Leur unique source d'information se trouve dans des réseaux comme Snapchat ou Tik Tok. Ils prennent pour des vérités des faits erronés qui y sont partagés.

S'il faut renforcer une discipline, c'est davantage l'histoire que l'enseignement moral et civique. Nous avons perdu beaucoup d'heures lors des réformes successives. Avant la « réforme Blanquer », les terminales L et ES suivaient quatre heures hebdomadaires d'enseignement ; désormais, toutes les terminales n'en ont plus que trois. Les épreuves du baccalauréat ayant été élargies à la classe de première, nous sommes encore plus pressés par le temps pour exercer notre liberté pédagogique.

Je rejoins M. Modica sur la nécessité pour les professeurs d'histoire d'avoir le sentiment d'être soutenus par leur hiérarchie, par exemple dans le choix de documents pour aborder la question des libertés et du racisme. En 2018, une enquête de l'Institut français d'opinion publique (IFOP) avait révélé qu'un professeur sur trois pratiquait l'autocensure pour aborder les sujets sensibles, comme le racisme, et même un professeur sur deux dans les quartiers dits sensibles. Lors d'une réunion du groupe Valeurs de la République de l'académie de Reims, l'une de mes collègues s'est alarmée que certains enseignants, à la suite de l'affaire Samuel Paty, lui avaient confié leur intention de s'autocensurer davantage.

Enfin, je suis partisan du fait que les professeurs d'autres disciplines traitent de ces sujets, et je préconise de leur faire bénéficier d'une formation pour leur permettre de les aborder, lorsque c'est nécessaire.

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