Je pense qu'il n'y a pas un policier en France qui n'ait peur de l'IGPN. Nous sommes la profession la plus condamnée, non pas parce que nous commettrions plus de fautes, mais parce que nous sommes réellement surveillés. Pour notre part, nous ne sommes pas opposés au fait qu'une personne extérieure puisse observer le travail de l'IGPN. Cependant, il faut qu'il y ait un policier à la tête des policiers pour comprendre les situations : c'est beaucoup plus facile si l'on est « de la maison ». Je n'en dirai pas plus sur l'IGPN ; je le répète, vous pouvez interroger n'importe quel policier : aucun ne veut se retrouver devant elle.
Je considère comme vous qu'il faut améliorer l'accueil des victimes. On rejoint là la question du manque d'effectifs et de formation : c'est vraiment le cœur du problème. Des solutions ont déjà été apportées, mais il faut en trouver d'autres. J'ai évoqué les actions engagées par certaines associations : il serait bon de s'en inspirer. Cela passe par la formation – cela peut être tout simplement des policiers qui forment d'autres policiers. Aujourd'hui, ce sont les auteurs d'infractions qui ont beaucoup de droits, alors que les victimes bénéficient de moins d'accompagnement. C'est quand même malheureux !
Les contrôles d'identité font beaucoup parler. Il faut avoir en tête que nous travaillons, comme l'a dit mon collègue, dans le cadre de l'article 78-2 du code de procédure pénale. De grandes affaires peuvent démarrer à la suite d'un simple contrôle d'identité. Si aujourd'hui nous ne pouvons pas justifier le contrôle et expliquer pourquoi il a été réalisé, je pense que ce sera possible avec les caméras dont nous serons dotés prochainement. Je le répète : le contrôle d'identité s'inscrit dans un cadre légal ; les policiers ne contrôlent pas les gens sans raison.
Madame la rapporteure, il est vrai que les contrôles sont plus fréquents dans certains lieux, mais cela tient aux instructions du procureur de la République, qui nous indique que des infractions ont été commises à tel ou tel endroit. Les gares par exemple sont connues pour être des endroits criminogènes, souvent des lieux de deal. Le contrôle d'identité est à la base de notre travail ; sans lui, je ne vois pas comment nous pourrions faire. Si un jour une cartographie des actions de police était envisagée, notre organisation y serait totalement favorable car nous n'avons rien à cacher.
Concernant les dépôts de plainte, un travail important doit être réalisé concernant les plaintes en ligne. PHAROS est un outil d'avenir, mais actuellement il n'y a pas assez d'enquêteurs – 28 – pour trier les dossiers, soit 228 000 signalements par an. Si l'on développait cet outil, cela ferait faciliterait les plaintes pour nos concitoyens et permettrait d'améliorer la qualité du service public.
S'agissant des moyens pour lutter contre le racisme au sein de la police, dès lors que des cas sont avérés, les deux meilleurs atouts sont, d'une part, l'intervention du supérieur hiérarchique, d'autre part l'action la plus rapide possible. On peut aussi travailler sur la formation, mais c'est surtout le supérieur hiérarchique – major de police, officier ou commandant – qui doit intervenir le plus tôt possible. Les organisations syndicales peuvent également être sollicitées. Ainsi, lorsque des phénomènes de radicalisation sont survenus dans la police, notre organisation syndicale a été contactée et nous avons pu traiter les signalements.