Intervention de Marie Morellet

Réunion du jeudi 10 décembre 2020 à 14h30
Mission d'information sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter

Marie Morellet, cheffe de projet au centre « égalité des chances » de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), membre du groupe « ouverture sociale » de la Conférence des grandes écoles :

Pour ce qui est de l'amont, nous savons que les prescripteurs d'un jeune pour ses choix d'orientation sont variables en fonction de son milieu d'origine. Dans les milieux favorisés, les prescripteurs sont la famille ; dans les milieux populaires, les prescripteurs sont les enseignants. La question de l'orientation constitue donc un sujet crucial, de même que la formation par rapport au sentiment de légitimité et aussi à l'accompagnement des enseignants. À l'ESSEC nous avons un dispositif qui s'appelle « Trouve ta voie », qui accompagne et outille les professeurs sur les questions d'orientation. Les enseignants ont d'ailleurs de plus en plus de missions relatives à ces questions d'orientation : le parcours Avenir, les heures d'accompagnement personnalisé, etc. Le système évolue globalement en ce sens.

Les enseignants se sentent néanmoins extrêmement démunis par rapport à cette connaissance et à cette posture d'accompagnement à l'orientation, puisque la question de l'orientation se joue aujourd'hui au travers de la connaissance des filières et des métiers. Mais personne ne connaît les 13 000 filières de l'enseignement supérieur ni la moitié des métiers, qui auront disparu dans trente ans ou qui ne sont pas encore connus… La question de la légitimité des enseignants à accompagner leurs élèves dans les choix d'orientation, notamment au travers des compétences transversales, est donc essentielle.

Il s'agit d'un changement de posture de l'enseignant vers l'accompagnement, centré sur la question de l'orientation, en travaillant avec les élèves sur la connaissance de soi et la connaissance du champ des possibles. Quand nous formons les professeurs sur les questions d'orientation, il y a un moment déclic où ils se disent : « En fait je suis légitime pour accompagner ces jeunes, même si je ne suis pas un expert des questions d'orientation et de l'ensemble des filières et des débouchés possibles après un parcours dans le secondaire. »

À l'échelle de la Conférence des grandes écoles, un des travaux prioritaires du groupe ouverture sociale est de travailler sur ce sujet des rôles modèles. Il s'agit de travailler à la valorisation de l'ensemble des jeunes qui sont passés par les Cordées de la réussite – ils commencent à être nombreux. J'ai animé pendant longtemps le réseau des anciens des cordées de la réussite, dont une partie est passée par l'ESSEC. La richesse des parcours est incroyable, nous sommes très fiers de ce qu'ils sont devenus. Le meilleur moyen de maintenir le lien avec eux est de leur demander de venir témoigner. Ils n'attendent que cela : retourner dans leur collège, retourner dans leur lycée, revoir les enseignants, accompagner un petit groupe. Cela correspond totalement à ce qu'ils ont envie de faire et ils se sentent très légitimes et valorisés dans ce rôle modèle. Il reste donc à mettre en place l'organisation afférente, à des échelles qui restent à définir. Le potentiel de témoins est en tout cas extrêmement riche et puissant, et actuellement sous-utilisé.

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