Nous observons une belle dynamique des grandes écoles sur ces questions d'ouverture sociale, mais je vais essayer d'être un peu moins consensuelle. Monsieur le président, vous avez évoqué la question de l'état de l'école en France. Très clairement, quand des étudiants arrivent à Sciences Po en n'ayant pas eu de professeur d'anglais ou de mathématiques pendant des années ou simplement parce qu'ils sont issus de certains départements d'Île-de-France et que cela affecte durablement et parfois irrémédiablement leur bagage scolaire et culturel, nous n'assumons pas notre responsabilité collective d'un service équitable d'éducation nationale. Un certain nombre d'établissements d'enseignement supérieur mettent en place des dispositifs de rattrapage. Les collectivités nous accompagnent parfois sur ce plan.
À Sciences Po, nous avons monté un gros dispositif qui s'appelle « premier campus », avec la région Île-de-France. Il ne s'agit pas seulement de parrainage, d'accompagnement ou d'orientation – des choses utiles mais insuffisantes pour faire maîtriser aux lycéens les compétences nécessaires à leur réussite dans l'enseignement supérieur. Le dispositif « premier campus » consiste à accompagner des étudiants pendant trois ans dans des stages complémentaires, des stages d'été. Il s'agit de les accompagner dans leur projet mais aussi dans leurs compétences, dans leur rapport au travail, leurs capacités d'autonomie dans le travail, leurs capacités langagières, en français, ou en langues étrangères, etc. Ce sont autant de compétences qui font la différence en vue de la réussite dans une école comme Sciences Po.
En ce qui concerne la discrimination à l'embauche, nous n'avons pas de problématique CEP à Sciences Po, mais nous avons une problématique pour les personnes issues de milieux modestes sortant de l'école et pour les femmes. Nous savons que les niveaux de rémunération sont moins importants à l'entrée pour les jeunes femmes diplômées et pour les jeunes diplômés issus de milieux modestes. D'où l'importance des dynamiques de mentorat et de suivi pendant toute la scolarité. Autrement dit, l'effort ne doit à aucun moment être relâché. Amy va conclure sur la lutte contre les discriminations.