La panne majeure d'internet est un scénario intégré aux stratégies de continuité d'activité et auquel nous devons nous préparer, en espérant qu'il ne se produira pas. D'une certaine manière, le RIE – qui interagit avec internet tout en s'appuyant sur des ressources spécifiques gérées par des opérateurs – constituerait une force si cet évènement devait se produire. Néanmoins, cela ne suffit pas, puisque de plus en plus d'applications informatiques reposant sur le cloud sont désormais utilisées pour faire fonctionner les services de l'État et pour permettre aux citoyens d'effectuer leurs démarches administratives ou de s'informer sur leurs droits à distance.
Dans ce contexte, le Premier ministre a diffusé une circulaire en date du 5 juillet pour inciter les administrations à se saisir des enjeux du cloud : informatique continue (DevOps), services locatifs sur étagère, etc. Tout l'enjeu consiste à assurer une continuité de service sur les applicatifs les plus critiques tout en protégeant les données des citoyens, des agents ou des entreprises. En l'occurrence, cette circulaire forge un compromis entre l'appui sur les services fournis par les acteurs industriels et commerciaux et la nécessité de maintenir, au sein de l'État, des compétences et des infrastructures pour accueillir des systèmes dits critiques.
Bien entendu, cela ne répondra pas à toutes les situations de crise possibles et imaginables. Mécaniquement, la section des câbles de fibre optique ou la rupture des antennes 4G-5G entraîne une rupture des possibilités de communication, si ce n'est les communications satellitaires, dont les débits sont limités et dont les déploiements ne sont pas à la portée du grand public. Nous avons la possibilité de déployer des bulles tactiques pour que les autorités et les forces d'intervention se coordonnent, mais elles n'assureront pas la continuité de communication pour tous les citoyens. Les réponses en situation de crise ne sauraient donc être que partielles pour garantir les communications les plus critiques.
Retenez toutefois que la stratégie d'ensemble de l'État en matière de numérique tient à la fois compte des besoins de continuité et de protection et des besoins d'apport de nouveaux services, en lien avec les exigences croissantes des usagers et des agents publics, qui ne doivent aucunement se sentir déclassés par rapport aux salariés du privé. Il nous faut trouver en permanence cet équilibre entre les opportunités et les menaces.