Intervention de Olivier Kempf

Réunion du mercredi 22 septembre 2021 à 16h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Olivier Kempf, chercheur associé, Fondation pour la recherche stratégique (FRS) :

Il n'est sans doute pas anodin que notre réunion se tienne une semaine après la mésaventure à laquelle vous faites référence. En tant que citoyen dépourvu d'expertise en matière industrielle, j'incline à considérer que les pouvoirs publics ont manqué d'inspiration dans l'affaire Alstom.

Devons-nous conclure de ces expériences qu'il nous faut mettre en œuvre une politique industrielle pour le secteur cyber ? C'est probablement le cas, mais à condition de faire preuve de doigté. En tant que consultant, j'accompagne une start-up travaillant dans le domaine de la confiance numérique. Avec cette PME, dont le secteur français de la défense est un client important, nous nous efforçons depuis un an d'organiser une levée de fonds. Or plus de 60 % des investisseurs que nous avons rencontrés se sont détournés de cette PME dès qu'ils ont su que nous travaillions dans le secteur de la défense. Nous payons ici, d'une certaine façon, les conséquences du refus de la cession de Photonis. Cette entreprise active dans le domaine de la cybersécurité avait suscité l'intérêt d'un acheteur américain. L'État s'était alors opposé à la vente en raison du caractère stratégique de cette entreprise. Si cette décision peut sembler compréhensible compte tenu des risques associés à une trop grande dépendance à l'étranger en matière de défense, elle a également conduit à un gel partiel des investissements, dont peuvent pâtir les acteurs français de la cybersécurité. En effet, ces investissements sont en quelque sorte l'engrais nécessaire à la croissance de notre industrie de la cybersécurité. Nous pouvons donc mettre en œuvre une politique industrielle pour promouvoir ce secteur, mais devons être conscients des conséquences de décisions trop tranchées.

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