Je pense à titre personnel qu'il existe une bonne articulation entre les différentes forces cyber françaises. Le périmètre du ComCyber est très clair : il traite des opérations de l'armée, de la défense des systèmes d'information de cette dernière et de sa capacité d'attaque dans le cyberespace. L'agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, l'ANSSI, se consacre à la défense du territoire et à des fonctions critiques. Elle fonctionne main dans la main avec le ministère de l'intérieur sur les questions liées à la justice, à la police et à la gendarmerie.
Cette organisation me semble assez claire et efficace, y compris par comparaison avec d'autres pays. Sa limite est qu'elle est très tournée vers la défense du pays et manque de posture politique pour développer une économie autour de la cybersécurité. Au Royaume-Uni, le DCMS, qui équivaut à notre secrétariat d'État au numérique, porte politiquement le développement de produits et de solutions autour de la cybersécurité. Nous avons besoin de cela pour développer des structures rentables et une expertise, et financer de la recherche et du développement. La cybersécurité ne sera ainsi plus un mal nécessaire dans lequel il faut investir à finances perdues, mais un véritable axe de développement économique. En ne nous contentant pas d'acheter des équipements extérieurs, nous développerions des méthodes de protection et de défense. Cet aspect manque dans le plan annoncé par le président Emmanuel Macron dans le milieu de l'année. Malgré tout, ce plan marque pour la première fois une inflexion vers un investissement dans le développement de cette économie. Nos alliés et néanmoins concurrents, procèdent ainsi depuis plusieurs années déjà. C'est aussi un frein à la défense de notre pays.