Je serai honoré de répondre à vos questions et de clarifier les méthodes de fonctionnement du SIG pendant la crise. Vous m'offrez l'opportunité de porter un regard rétrospectif sur les actions que nous avons mises en œuvre. Pour tirer les leçons de la crise et tracer des perspectives sur la communication au quotidien, il me faut dans un premier temps revenir sur l'évolution du contexte dans lequel évolue la communication institutionnelle. Celle-ci fait face à des bouleversements majeurs depuis plusieurs années. La révolution numérique et l'émergence des réseaux sociaux donnent accès à l'information à chacun au même moment et transforment la manière dont les acteurs institutionnels peuvent et doivent s'exprimer. Les chaînes d'information en continu favorisent également l'obsolescence programmée de l'information. Cette volatilité croissante de l'information touche l'opinion publique. Derrière les phénomènes de désinformation et de manipulation de l'information que vous avez mentionnés se dissimulent des enjeux techniques et algorithmiques qui constituent des bulles informationnelles dans lesquelles les groupes s'enferment. Cette situation participe à l'évolution de la communication. Les Français ont transformé leur manière de s'informer, de communiquer, d'interagir à la fois entre eux et face aux grandes instances, aux relais d'information en général, et enfin aux entreprises.
À ces éléments conjoncturels s'ajoutent des phénomènes structurels. La communication gouvernementale a perdu sa capacité performative. Nous constatons qu'une communication gouvernementale institutionnelle est désormais plus susceptible de ne pas toucher l'audience ciblée que de la toucher. Ce constat nous pousse à réinventer nos modalités de fonctionnement.
Avant la crise du covid, la France a vécu la crise des Gilets jaunes. Le grand débat national a révélé la difficulté des citoyens à percevoir les actions que mène l'État envers eux. La crise des Gilets jaunes a montré que l'application des décisions politiques par l'État n'est pas clairement perçue aujourd'hui. Ces éléments confirment la nécessité de réinventer les moyens de communication institutionnelle et gouvernementale.
Le mandat à l'origine de ma nomination visait à transformer, rénover et moderniser la communication gouvernementale pour garantir une meilleure information des citoyens ainsi qu'une organisation plus efficace de la communication au sein de l'État. Le contexte de crise est permanent. L'environnement médiatique, les réseaux sociaux dont l'activité est permanente et la circulation de l'information débridée contribuent à ce que tout devienne crise. Ce contexte de crise permanente a accéléré la nécessité de transformer la communication gouvernementale, car elle s'effectue dans des délais toujours contraints. Il faut réagir à l'instant présent. Ce contexte nous a poussés à repositionner la communication gouvernementale et institutionnelle au centre de l'échiquier interministériel. La crise du covid nous a obligés à traiter de sujets très divers et à maintenir une attention permanente sur certains d'entre eux pendant dix-huit à vingt-quatre mois, alors qu'une crise dure en général quelques jours. Cette crise nous permettra donc de tirer des enseignements.