Intervention de Virginie Schwarz

Réunion du mercredi 13 octobre 2021 à 17h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Virginie Schwarz, présidente-directrice générale de Météo France :

La première mission de Météo France, à travers ses prévisions météorologiques, est la sécurité des personnes et des biens. Météo France est chargée de missions institutionnelles à la fois en matière de défense et de trafic aérien et dans son activité sur le changement climatique : nous gardons la mémoire du climat et modélisons les évolutions futures du changement climatique afin de guider les politiques.

Nous menons trois grands types d'activité dans le domaine du changement climatique. Nous observons, mesurons et constatons l'évolution des changements du climat à travers des bases de données. Nous comptons parmi les organismes de recherche de référence internationale et contribuons aux travaux du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Nos modélisations sont incorporées dans les rapports du GIEC et nous participons à l'élaboration des rapports et aux relectures. M. Samuel Morin a personnellement participé à l'un des rapports du GIEC. Cet exercice de projection climatique s'opère également de manière ciblée sur les territoires français : la régionalisation climatique permet de livrer un diagnostic précis à l'échelle du territoire. Enfin, à partir de ces éléments, nous construisons des services climatiques pour informer, accompagner et appuyer les stratégies d'atténuation et d'adaptation au changement climatique. Dans ce cadre, nous avons livré en 2020 un nouvel exercice de projection climatique territorialisée, le projet DRIAS –donner accès aux scénarios climatiques régionalisés français pour l'impact et l'adaptation de nos sociétés et environnements –, qui donne la vision la plus à jour des effets du changement climatique en métropole. Cet exercice propose des projections avec une hausse continue des températures annuelles, entre 2,1 et 3,9 degrés selon les scénarios. L'impact du changement climatique dépendra en effet de nos actions d'atténuation et des politiques menées dans les années à venir à l'échelle du globe. En matière de précipitations, le diagnostic montre une évolution probablement limitée en termes de cumul annuel mais marquée par des contrastes saisonniers très importants.

Concernant les événements climatiques extrêmes, le diagnostic montre une augmentation entre trois et dix jours par an du nombre de jours de chaleur extrême. Les journées de gel pourraient voir leur nombre divisé par deux ou disparaître. Les épisodes extrêmes de précipitation et la sécheresse au sol devraient augmenter. Le diagnostic ne présente pas de signal fort concernant les tempêtes mais de grandes incertitudes demeurent. Ces éléments généraux de projection climatique ont été complétés en septembre 2021 par des données ciblées sur les ressources en eaux, obtenues par de nouvelles simulations hydroclimatiques. Publiées sur le portail DRIAS, ces données montrent des évolutions contrastées des débits des rivières, selon la localisation géographique et les saisons.

Face à ces événements météorologiques extrêmes et à leur évolution dans le cadre du changement climatique, Météo France porte la responsabilité de contribuer à la sécurité des personnes et des biens. Elle remplit cette mission d'information anticipée et précise notamment à travers la carte de vigilance météorologique, qui couvre neuf phénomènes climatiques avec un code de quatre couleurs. Pour améliorer ce dispositif, des actions sont menées sur tous les volets de la chaîne de prévision. Nous faisons des progrès en amont, sur les modèles de prévision, les moyens de calcul et l'expertise humaine, et en aval, sur les services qui traduisent ces prévisions auprès de nos utilisateurs. Parmi ces progrès, nous pouvons citer la mise en service de nouveaux satellites, l'émergence de nouveaux types d'observation grâce à l'internet des objets et aux observations participatives, et l'utilisation de l'intelligence artificielle. Nous avons cherché à améliorer nos modèles numériques de prévision pour mieux représenter les phénomènes extrêmes et la résolution géographique de nos prévisions. Nous développons également l'approche ensembliste ou probabiliste, qui consiste à envisager un ensemble de scénarios possibles au lieu de ne privilégier que la prévision la plus probable, ce qui nous permet d'alerter les autorités sur l'ensemble des scénarios possibles.

Afin de rendre nos prévisions utiles à nos utilisateurs, nous proposons également des indicateurs en termes d'impact, comme le risque de givrage d'un câble pour les opérateurs électriques ou ferroviaires. L'un de nos axes de travail porte sur la communication de ces données aux services de l'État et au grand public. Dans ce cadre, nous avons besoin de moyens de calculs coûteux.

La résilience de Météo France elle-même est très liée aux réseaux de télécommunication. La mise en œuvre de notre chaîne de production nécessite des échanges pour recueillir des observations issues de satellites et de capteurs situés sur l'ensemble du territoire. Cette dépendance représente un maillon faible en cas de panne ou d'incident technique. En aval, l'information est diffusée via internet ou des applications mobiles vers la sécurité civile, l'aviation, la direction générale de l'aviation civile (DGAC), la défense, les secteurs économiques et le grand public. Notre dépendance concerne également l'accès à l'électricité, car nous utilisons des supercalculateurs très consommateurs d'électricité. L'enjeu est la mise en place de mesures techniques et organisationnelles pour assurer la continuité de notre activité et préserver notre fonctionnement vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Cette continuité est plus importante que la confidentialité des données elles-mêmes, car ces dernières sont publiques et très rapidement périmées. Des coûts importants résultent de la nécessaire duplication des réseaux de communication et de l'approvisionnement en énergie.

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