Intervention de Guillaume Poupard

Réunion du vendredi 15 octobre 2021 à 9h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Guillaume Poupard, directeur général de l'agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI) :

Si tous les OIV suivaient l'exemple d'EDF, le travail en serait facilité. Il est tout à fait naturel d'utiliser internet comme moyen de communication de base. Mais si cette ressource n'est plus disponible, il est important que les systèmes critiques portés par ces OIV ne s'effondrent pas simultanément. Il faut donc réussir à trouver un équilibre entre une dépendance totale à internet et la non-utilisation de cet outil, de la 5G ou des clouds. En revanche, l'analyse constante des dépendances est nécessaire de façon à éviter la catastrophe en cas de coupure.

L'internet français n'est pas autonome. Nous faisons partie d'une plaque mondiale. Les interconnexions sont clairement identifiées mais, si l'on coupait les câbles au niveau des frontières nationales, à l'intérieur plus rien ne fonctionnerait. Ce genre de problème n'est toutefois pas inéluctable. La Chine a conçu un internet autonome, aboutissement d'un travail de plus de vingt ans. La Russie, quant à elle, ne dispose pas d'un internet autonome mais communique régulièrement sur sa capacité, en cas de problème, à verrouiller les frontières et continuer à bénéficier d'un internet fonctionnant localement. Faut-il transformer l'internet français en sorte qu'il puisse fonctionner en autonomie ? Je n'en suis personnellement pas persuadé, dans la mesure où une telle vision irait à l'encontre des principes mêmes d'internet. D'un côté, nous sommes soumis à une forme de dépendance, ou de souveraineté partagée. De l'autre, en termes de résistance aux pannes et de résilience, internet est plutôt bien conçu. Rappelons que sa création repose sur la volonté de disposer d'un réseau résistant aux frappes nucléaires. Le principe absolument génial du maillage, c'est-à-dire la poursuite de son fonctionnement même lorsque certains chemins ne sont plus disponibles, est assez exceptionnel en termes de résilience. Nous avons probablement besoin, pour toutes les activités critiques, d'un « plan B » dissocié de l'utilisation d'internet et donc basé sur des technologies de secours, ce qui est coûteux mais extrêmement simple. En revanche, la duplication de réseaux internet autonomes ne me paraît pas pertinente.

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