De nombreux acteurs n'ont pas encore compris que les données dont ils disposaient ainsi que leur capacité à les traiter constituaient le cœur de leur métier. Certains doivent évoluer très vite, comme les services de renseignement intérieur, et ils réalisent des efforts colossaux pour y parvenir. À titre d'exemple, quand on fabrique des avions aujourd'hui, toutes les données sont récupérées par le nombre très important de capteurs présents sur les appareils. Doit-on considérer que ces données ne sont pas intéressantes, voire qu'il faut s'en débarrasser tels des déchets, ou bien, au contraire, part-on du principe que notre activité future consistera autant à fabriquer des avions qu'à savoir traiter ces données pour en extraire la valeur et pour nous améliorer ? Nos grands acteurs partagent-ils cette réflexion ou cherchent-ils à se débarrasser de ces données auprès d'autres acteurs ? Il ne s'agit plus seulement de questions de sécurité, mais véritablement de valeur. L'exemple le plus typique se situe dans le domaine de l'automobile. Certains fabriquent des voitures, tandis que d'autres font des Tesla. Une Tesla, c'est une voiture vendue à perte pour l'entreprise, du moins en apparence. Car il s'agit en fait d'un capteur géant. Ce qui fait la valeur d'une telle automobile, ce qui constitue le retour sur investissement, c'est justement la compilation des données qui n'appartiennent pas au conducteur mais à la marque. Ce modèle est perturbant dans la mesure où il se situe en dehors des paradigmes usuels. Mais les acteurs qui n'ont pas compris l'importance de la valeur des données sont en train de rater une opportunité et sont probablement voués à disparaître. L'évolution technologique impose aux acteurs de devenir des acteurs numériques au sens propre, pas seulement en tant que simples consommateurs.