Il importe effectivement de partir du contrat opérationnel. Celui-ci se fonde sur les cinq grandes fonctions stratégiques que j'ai évoquées dans mon propos liminaire et qui sont rappelées dans le Livre blanc. On se focalise souvent sur l'intervention mais il faut prendre en considération ces cinq grandes fonctions, le service devant être capable de fournir une autonomie stratégique à l'emploi des forces armées.
Les chiffres sont très significatifs, et souvent rappelés. S'agissant des équipes chirurgicales, le principe est d'amener et de garantir le soutien santé aux blessés physiques et psychiques au plus près des combats. Le SSA peut donc être caractérisé comme un service de santé de l'extrême avant, allant de la prise en charge au plus près des combats jusqu'à l'arrivée dans les HIA en France. Cette prise en charge nécessite des compétences et une certaine polyvalence.
Dans le contrat opérationnel, nous ciblons 65 équipes chirurgicales. C'est un chiffre clé, que nous avons retenu parce que c'est celui qui permet d'assurer la situation opérationnelle de référence, avec notamment la capacité pour nos équipes de garantir le soutien au plus près, les évacuations médicales des théâtres d'opérations et l'accueil des blessés très lourds au sein de nos HIA. Précisons qu'il est nécessaire de régénérer les équipes, aspect souvent oublié. L'une des grandes leçons du RETEX que j'ai évoqué est que la crise du covid a entamé la régénération de nos équipes.
Il faut aussi intégrer, je l'ai dit, la préparation opérationnelle de ces 65 équipes chirurgicales et des équipes médicales. S'agissant des premières, nous avons besoin de chirurgiens pleinement compétents et légitimes du point de vue de la technique chirurgicale, mais nous devons aussi les préparer à un exercice qui nécessite une certaine polyvalence. Celle-ci se cultive dans des centres de préparation, notamment grâce à la simulation. Nous ne pouvons pas envoyer des personnels depuis leur lieu d'exercice directement sur les théâtres d'opérations. Cette ingénierie de préparation opérationnelle, indispensable, est intégrée dans la période de pré‑projection. D'ailleurs, nos formateurs sont également des praticiens ; nous bénéficions ainsi à la fois du côté formé et formateur.
Ce chiffre clé de 65 équipes chirurgicales a été calculé en prenant en compte la capacité opérationnelle du SSA dans la durée : le service doit être réactif en permanence pour permettre aux forces armées d'honorer le volet intervention du contrat opérationnel.
Le chef de la division « opérations » évoquera de manière plus détaillée la logique de composition du SSA, sachant que la chaîne comprend à la fois la prise en charge initiale, la chirurgie et la réanimation de l'avant, l'évacuation médicale précoce et l'accueil de blessés très lourds au sein de nos hôpitaux. Il s'agit d'une chaîne continue, autonome et complète, qui va de l'extrême avant au retour en France métropolitaine.