Intervention de Thomas Gassilloud

Réunion du mercredi 27 octobre 2021 à 17h15
Mission d'information sur la résilience nationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, rapporteur :

Il est parfois question des moyens de réassurance ou des game changers dont nous disposons au Sahel. Pour ma part, je suis de plus en plus persuadé que les moyens d'évacuation sanitaire (EVASAN) font partie de ceux qui modifient le rapport de force. En tout cas, du point de vue de la combativité de nos soldats au Sahel, être en mesure de leur assurer une prise en charge sanitaire démultiplie leur force ; c'est un moyen, me semble-t-il, au moins aussi important que le soutien aérien.

Fabien Gouttefarde, Sereine Mauborgne et moi, qui sommes tous trois membres de la commission de la défense, sommes fermement convaincus que l'objectif prioritaire du SSA est bien le soutien des militaires dans leurs activités opérationnelles et que la résilience de la nation repose sur la résilience des armées dans leur capacité à faire face aux menaces du haut du spectre. D'ailleurs, Sereine Mauborgne et moi avons remis un rapport relatif à la préparation et à l'emploi des forces terrestres qui montre à quel point le surengagement lors de l'opération Sentinelle de 2015 a eu des conséquences sur les capacités terrestres, parce que nous avons détourné tous nos soldats de leur formation dans les centres. Nous en payons encore le prix aujourd'hui.

Cela dit, au cours de l'audition précédente, les responsables du SAMU nous ont expliqué qu'ils disposaient de moyens limités pour faire face à toutes les situations. Il faut donc s'interroger, en cas de crise majeure, sur la règle des « 4 i » que vous avez mentionnée. Celle-ci s'inscrit par ailleurs dans une préoccupation renouvelée des armées pour le territoire national. L'armée de terre, qui est celle que nous connaissons le mieux, dispose aujourd'hui de moyens pour intervenir sur le territoire national, idée qui avait été abandonnée – je ne parle pas de la défense opérationnelle du territoire.

Nous avons conscience que le SSA représente moins de 1 % des capacités médicales en France – c'est d'ailleurs le ratio que vous avez évoqué pour les anesthésistes : une centaine au sein du SSA contre 10 000 environ dans le secteur civil. Vous avez précisé que le recours au SSA devait être temporaire et exceptionnel. Nous percevons votre volonté d'être transparent sur ce que vous pouvez faire et ne pas faire.

Je reviens sur le dialogue politico-militaire car je ne voudrais pas non plus qu'il soit perturbé par une réticence à s'engager au motif qu'on pourrait en demander trop. Nous devons garder un regard lucide sur ce que peuvent faire les uns et les autres. La question est donc de savoir comment sincériser et assainir ce dialogue politico-militaire. Ne faudrait-il pas que le SSA évalue les capacités en mesure d'être projetées sur le territoire national, comme l'a fait l'armée de terre avec le plan TN 10 000 ? L'armée de terre dit qu'elle est en mesure de déployer 10 000 militaires sur le territoire national, et qu'il ne faut pas lui en demander davantage. Ne faudrait-il pas un plan TN 1 000 ou TN 1 500 – je ne sais pas quel peut être le bon chiffre – pour le SSA ? Cela permettrait de rassurer, tout en étant lucides sur ce que peut faire le service.

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